Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P2 - H-P.djvu/710

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PORTSMOUTH, v. et port des États-Unis (New-Hampshire), sur l'Atlantique, à 60 k. S. E. de Concord. 12 000 h. Évêché. Bon port de guerre, cinq forts; Académie, athénée. Chantier de construction, arsenal de marine; chemin de fer. — Autre v. et port des États-Unis (Virginie), sur la r. g. de la riv. Élisabeth, à 200 k. S. E. de Richmond; 10 000 h. Grand dépôt de la marine des États-Unis.

PORTSMOUTH (Louise DE KERHOUENT ou KERHOUAL, duchesse de), maîtresse de Charles II, née en Bretagne, avait été amenée de France en 1670, lors de la conclusion du traité secret de Douvres, par Henriette d'Angleterre, duchesse d'Orléans, et sœur du roi Charles. Créée successivement baronne de Pétersfield, comtesse de Fareham, duchesse de Portsmouth, elle prit sur le monarque un empire absolu, seconda le ministère dit de la Cabale, favorisa la réaction royaliste de 1680 à 1685, absorba des sommes immenses que lui prodiguait Charles, et se fit largement payer par Louis XIV pour faire prévaloir auprès du roi d'Angleterre l'influence française. Son fils aîné Charles est la tige des ducs de Lennox.

PORT-STE-MARIE, Portus Menesthei, v. et port d'Espagne (Cadix), à l'embouch. du Guadalète, à 25 k. N. E. de Cadix; 18 600 h. Anc. fortifications, détruites en 1810 ; pont de bateaux. Chapeaux, savon, eau-de-vie, liqueurs, vins, cire; grand commerce avec Cadix.

PORT-STE-MARIE, ch.-l. de c. (Lot-et-Garonne), sur la r. dr. de la Garonne, à 18 k. N. O. d'Agen; 2856 h. Station de chemin de fer. Vins, grains, bestiaux.

PORT-SUR-SAÔNE, Portus Abucini, ch.-l. de c. (Hte-Saône), à 13 kil. N. O. de Vesoul, sur la r. dr. de la Saône, avec un petit port; 1944 h. Pont élégant. Construction de bateaux.

PORTUDAL, v. du Sénégal, dans le roy. de Baol, à 35 kil. S. E. de Gorée, sur l'Atlantique, dépend de notre colonie du Sénégal. Peaux, or, ivoire, ambre.

PORTUGAL, partie de l'anc. Lusitanie; État de l'Europe mérid., occupe presque toute la partie occid. de la Péninsule Hispanique et a pour bornes : au N. la Galice, à l'E. le roy. de Léon, l'Estramadure espagnole et l'Andalousie, au S. et à l'O. l'Atlantique. Il s'étend de 9° 54' à 11° 50' long. O. et de 37° à 42° lat. N., a 576 k. du S. au N. sur 168 de moyenne largeur; il compte env. 4 millions d'hab. et avec les colonies près de 7 millions; capit., Lisbonne.

Divisions, Chefs-lieux.
Minho, Porto.
Tras-os-Montes, Bragance.
Beira, Coïmbre.
Estramadure, Lisbonne.
Alemtéjo, Evora.
Algarve, Faro.

N. B. La prov. de Beira a été récemment divisée en Bas-Beira, ch.-l. Coïmbre, et Ht-B., ch.-l. Castello-Branco : ce qui donne auj. 7 provinces.

Le Portugal possède de plus : 1° dans l'Atlantique, l'archipel des Açores, à mi-chemin de l'Europe et de l'Amérique; les îles Madère et du Cap Vert; 2° en Afrique, plusieurs comptoirs au Congo, l'île St-Thomas et la capitainerie générale de Mozambique; 3° en Asie, Diu, Daman, Goa, Macao et partie de l'île de Timor. Le Brésil lui appartenait aussi avant 1822. — Le Portugal est très-montueux, sauf dans le sud de l'Estramadure : on y remarque les monts d'Estrella, de Gaviara, de Cintra, de Monchique; 4 des fleuves de l'Espagne (Minho, Douro, Tage, Guadiana) y ont leur embouchure; il y a aussi plusieurs rivières côtières (Vouga, Cavado, Mondego, Sadao, etc.). La température, d'une chaleur accablante, est plus élevée qu'en Espagne; le sol est très-fertile, mais généralement mal cultivé. On y récolte des vins renommés (Porto, Sétubal, Carcavelos, etc.); olives, figues, oranges et autres fruits exquis; miel, cire, kermès. On y trouve aussi or, argent, fer, plomb, étain, antimoine, sel, houille, turquoises et autres pierres précieuses; eaux minérales et thermales. Peu de gros bétail, mais beaucoup de moutons mérinos, excellents mulets. Industrie médiocre (soieries, toiles, draps, bonneterie, couvertures, chapellerie, chocolat, porcelaine, faïence, toiles peintes; distilleries, tanneries, verreries, forges, etc.). Le commerce est presque tout entier entre les mains des Anglais, qui exportent surtout du Portugal des vins, des huiles, des fruits secs, etc. — Le gouvernement est monarchique constitutionnel; la maison régnante est celle de Bragance; à défaut de mâles, la couronne passe aux femmes. La religion dominante est le Catholicisme : les Juifs sont tolérés.

Histoire. Le Portugal répond à la plus grande partie de la Lusitanie des Romains et au sud de leur Gallécie (Galice); ses habitants paraissent être d'origine celtique, comme le prouvent de nombreux monuments druidiques. Les Lusitani ne commencent à figurer dans l'histoire que vers l'an 195 av. J.-C. Ils entrèrent alors en guerre avec les Romains : battus l'an 190, ils formèrent contre leurs oppresseurs une ligue redoutable (190-178); mais ils furent encore vaincus. Viriathe, un de leurs chefs les plus braves, soutint neuf ans l'indépendance du pays contre Rome et ne succomba que sous les coups d'un assassin (149-140); enfin Rome l'emporta, et depuis elle domina sur le pays pendant près de 6 siècles. Sertorius s'y rendit indépendant l'an 80 av. J.-C. et s'y maintint jusqu'à sa mort. Après l'invasion de la Péninsule par les barbares (Vandales, Suèves, Alains), l'an 409 de J.-C., les Suèves restèrent seuls dans cette contrée : ils fondèrent dans l'ancienne Gallécie un État dont les bornes varièrent, mais qui, en 585, s'absorba dans celui des Wisigoths, et qui, en 711, fut, comme le reste de l'Espagne, conquis par les Arabes. Aux IXe et Xe s., la région entre le Tage et le Douro fut le théâtre d'une guerre opiniâtre entre les 2 peuples conquérants (Arabes et Goths). Le petit pays au N. du Douro et au S. du Minho prit alors le nom de comté de Porto ou Porto Calle, d'où Portugal. Alphonse VI de Castille, en 1095, investit de ce comté l'aventurier Henri de Bourgogne, devenu son gendre, qui l'arracha aux Arabes et le transmit à son fils Alphonse I : celui-ci, après la victoire d'Ourique, fut proclamé roi et se déclara indépendant (1139). Cette indépendance fut confirmée en 1143 par les Cortès de Lamégo. Le Portugal dès lors ne fit plus que grandir, et en 1253, Alphonse III, en soumettant les Algarves, avait atteint le sud de la Péninsule. Bientôt les Portugais portèrent leur activité au delà des mers; après la conquête de Ceuta sur la côte d'Afrique (1415), le prince Henri le Navigateur donna le signal des découvertes maritimes, qui ouvrirent enfin au Portugal la route des Indes (1498) et lui assurèrent de riches possessions en Afrique et surtout en Asie. Cette époque, qui coïncide avec celles de la dynastie d'Avis (1385-1580), est celle de la gloire et de la prospérité portugaises : elle est illustrée par les expéditions de B. Diaz, de Vasco de Gama, de Cabral, par les conquêtes d'Almeida, d'Albuquerque, etc. Le Portugal, rival de l'Espagne, regorgea de richesses et devint une puissance navale du premier ordre. Outre ses conquêtes en Asie, il étendit sa domination sur une des plus belles contrées de l'Amérique, le Brésil (1500-1531). Mais des fautes, des excès et l'imprudente expédition de Sébastien en Afrique où il périt (à la bataille d'Alcaçar-Quivir, 1578), mirent brusquement fin à ces succès. A la mort du cardinal Henri (1580), le roi d'Espagne Philippe II plaça sur sa tête la couronne de Portugal. Ce pays ne fut plus dès lors qu'une province espagnole : la ruine totale de la marine portugaise en fut la suite. Les Hollandais, en révolte contre Philippe II, allèrent partout sur les brisées des Portugais : ils les firent chasser du Japon, leur firent perdre les Moluques, ainsi qu'une foule d'autres possessions en Asie, et furent sur le point de leur enlever tout le Brésil. En 1640, le Portugal s'affranchit du joug de l'Espagne et plaça sur le trône la dynastie de Bragance, issue des anciens rois. Redevenu indépendant, le pays s'allia avec la