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France et fut d'abord sous l'influence de cette puissance; mais, depuis Pierre II, il pencha vers l'Angleterre, qui en 1703 consolida sa prépondérance en Portugal par le traité de Méthuen. Bientôt les Anglais eurent tout en leurs mains : industrie, agriculture, commerce, finances, politique, et réduisirent les Portugais à n'être plus que leurs facteurs. Sous le roi Joseph, Pombal voulut secouer ce joug; ses efforts furent insuffisants. Napoléon, dans sa lutte contre l'Angleterre, força le Portugal à fermer ses ports aux Anglais; puis, étant convenu, par un traité secret signé avec l'Espagne en 1807 à Fontainebleau, de partager le pays avec cette puissance, il en entreprit la conquête; mais l'Angleterre le défendit comme sa province; elle embarqua la famille royale, l'établit au Brésil, puis ressaisit le Portugal sur les troupes françaises qui déjà l'occupaient, 1808-1810 (V. JUNOT, CINTRA). A la paix générale (1815), la famille royale du Portugal dut rester au Brésil, et l'ambassadeur anglais Beresford gouverna de fait le pays. En 1820 éclata à Porto une révolution qui avait pour but de donner au Portugal un gouvernement constitutionnel. Le roi Jean VI, qui était jusque-là resté au Brésil, s'empressa de revenir à Lisbonne et accepta la constitution des Cortès, mais pour la violer bientôt après (1821). En l'absence de Jean VI, le Brésil se proclama indépendant (1822) et se donna un empereur particulier, don Pedro, fils de Jean. La séparation du Brésil et de sa métropole devint définitive quand don Pedro fut appelé au trône de Portugal, à la mort de Jean VI, en 1826. Ce prince donna cette année même au royaume une charte libérale, puis il abdiqua la couronne de Portugal en faveur de sa fille dona Maria, et ne garda pour lui que le Brésil. Don Miguel, frère cadet de don Pedro, nommé tuteur de la jeune reine, sa nièce, ne tarda pas à la dépouiller et se fit proclamer roi dès 1828 : il fallut que don Pedro revînt du Brésil pour rétablir sa fille, ce qui n'eut lieu qu'en 1834, après une longue guerre civile. Le règne de dona Maria n'en fut pas moins très-agité : en sept. 1838, les radicaux réussirent à faire adopter une constitution nouvelle, qui fut abrogée en 1842; en 1851, une révolution militaire fut opérée par le maréchal Saldanha, dans le but de réformer la charte de don Pedro, qui avait été remise en vigueur; un acte additionnel à cette charte a en effet été admis en 1852 : c'est la charte de 1826 ainsi revisée qui est encore auj. la loi fondamentale du Portugal. — L'histoire du Portugal a été écrite en portugais par Barros et Hercolano, en allemand par Schæfer (trad. en franç. par H. Soulange-Bodin, 1840); M. Ferd. Denis en a donné un abrégé dans l’Univers pittoresque, 1846.

Rois de Portugal.
Branche directe. Henri, le Cardinal, 1578
Henri de Bourgogne, comte de P., 1095 Soumission à l'Espagne, 1580-1640
Alphonse, le Conquérant, comte, 1212 Branche de Bragance.
puis roi, 1239 Jean IV, 1640
Sanche I, 1185 Alphonse VI, 1656
Alphonse II, 1211 Pierre II, régent depuis 1667, roi en 1683
Sanche II, 1223 Jean V, 1706
Alphonse III, 1248 Joseph, 1750
Denis, le Laboureur, 1279 Marie I (avec Pierre III, 1777-86), 1777
Alphonse IV, 1325
Pierre I, 1357 Jean VI, régent dès 1792
Ferdinand, 1367-83 roi en 1816
Branche d'Avis.
(après 2 ans de régence). Pierre IV (don Pédro), 2 mois, 1826
Jean I, le Grand, 1385 Marie II (dona Maria), 1826
Édouard, 1433 (Don Miguel, 1827-34)
Alph. V, l'Africain, 1438 Pierre V, d'abord sous la tutelle de son père, Ferdinand de Saxe, 1853
Jean II, le Parfait, 1481 Louis I, 1861
Emmanuel, le Fortuné, 1495
Jean III, 1521
Sébastien, 1557

PORTUGALÈTE, v. et port d'Espagne (Bilbao), à l'embouch. de l'Ansa, à 11 k. N. O. de Bilbao, à laquelle elle sert de port; 1200 hab.

PORTUMNUS, dieu des ports chez les Romains, en l'honneur duquel on célébrait les Portumnales, paraît être le même que le Mélicerte des Grecs.

PORTUS (Æmilius), philologue, né à Ferrare en 1550, m. en 1610 à Heidelberg, était fils de Franç. Portus, de Candie, professeur de grec à Ferrare. Il enseigna le grec avec succès à Lausanne, puis à Heidelberg. On lui doit des éditions annotées et corrigées d'Homère (Iliade), d'Euripide, Pindare, Aristophane, Xénophon, Thucydide, de la Rhétorique d'Aristote; des traductions latines de Thucydide, des Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse, des Commentaires de Proclus sur la Théologie de Platon, du Dictionnaire de Suidas; un Dictionarium ionicum, 1603; un Dictionarium doricum, 1604; un Lexique de Pindare, des Notes sur Onosander, etc.

PORTUS ABUCINI, v. de Gaule, chez les Séquanes, auj. Port-sur-Saône. — P. HERCULIS COSANI, v. d'Étrurie, auj. Porto-Ercole. — P. HERCULIS MONŒCI, v. de Ligurie, auj. Monaco. — P. ITIUS, ville et port de la Gaule Belgique. V. ITIUS. — P. LIBURNICUS, v. d'Italie, auj. Livourne. — P. MAGNUS, v. de Mauritanie, auj. Mers-el-Kébir; v. de la Bretagne romaine, auj. Portsmouth. — P. ROMANUS, auj. Porto. — P. VENERIS, v. de Gaule, auj. Port-Vendres.

PORT-VENDRES, Portus Veneris, v. et port de France (Pyrén.-Orient.), sur la Méditerranée, à 40 k. E. de Céret et à 6 k. S. E. d'Argelès; 2000 hab. Place de guerre de 4e classe; port vaste et sûr. Blés, eaux-de-vie, vins; grand commerce de transport entre l'Algérie et la France. — Port-Vendres appartint longtemps à l'Espagne et fut souvent pris et repris; il fut cédé à la France avec le Roussillon. Les Espagnols ont fait d'inutiles tentatives sur cette ville en 1690; elle leur fut livrée en 1793, mais reprise dès 1794. Le port avait été réparé et mis en état de recevoir de gros navires en 1788, par ordre de Louis XVI, auquel un obélisque de 33m a été élevé sur la place de la ville.

PORT-WELLINGTON, v. et port de la Nouv.-Zélande, à l'entrée orientale du détroit de Cook, sur le port Nicholson. Récemment fondée par la Compagnie anglaise de la Nouvelle-Zélande, la ville comptait déjà plus de 5000 hab. en 1842.

PORUS, prince indien, régnait sur une contrée à l'E. de l'Hydaspe en 327 av. J.-C. Ayant refusé de se soumettre à Alexandre, il fut battu sur les bords de l'Hydaspe, pris et conduit au conquérant. Alexandre lui demanda comment il prétendait être traité : « En roi, » répondit-il. Frappé de la fierté de cette réponse, le conquérant lui rendit ses États, et y ajouta même plusieurs districts voisins. Porus, reconnaissant, accompagna Alexandre dans la suite de son expédition et l'aida à équiper la flotte qui descendit l'Hyphase. Après la mort d'Alexandre, il fut tué en trahison par un des officiers du conquérant. On représente Porus comme étant d'une taille gigantesque.

POSÉGA, v. d'Esclavonie, ch.-l. d'un comitat de même nom, sur l'Orlyava, à 80 kil. S. E. d'Eszek; 5000 hab. Gymnase catholique. Château. Commerce de soie, bétail, tabac. Prise aux Turcs par les Impériaux en 1687. — Le comitat de P., entre celui de Werowitz au N. et à l'O., la Croatie à l'E., et les Confins militaires au S., a 100 k. sur 30, et 100 000 h.

POSEIDON, nom grec de Neptune.

POSEN, Poznan en polonais, v. forte des États prussiens, jadis capit. de la Grande-Pologne, auj. ch.-l. du grand-duché de Posen et de la régence du même nom, sur la Wartha et le chemin de fer de Breslau à Stettin, à 255 kil. E. de Berlin; 46 000 hab. (dont 12 000 protestants et 9000 juifs). Forteresse de 1er rang. Siége du président supérieur de la province et de l'archevêque de Gnesne et Posen; cour supérieure de justice, école des arts et métiers, gymnase, séminaire. Belle cathédrale, église St-Stanislas, église luthérienne, théâtre. Draps, toile, tabac, ver-