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autres citoyens de se soumettre aux plébiscites ; 2° la ratification des actes du peuple par le Sénat et les curies ; 3° l'obligation de prendre un des censeurs parmi les plébéiens, ainsi que la faculté pour les consuls d'être tirés tous deux de cet ordre. Il est le Ier plébéien qui ait été nommé préteur (337 av. J.-C.).

PUBLIUS SYRUS, poète latin du 1er s. av. J.-C., probablement natif de Syrie, fut amené esclave à Rome dans sa jeunesse, fut élevé avec soin par le maître aux mains duquel il était tombé et reçut ensuite la liberté. Il se mit à écrire et à jouer des mimes, espèce de parades burlesques sans intrigue, parcourut ainsi diverses villes de l'Italie, puis se produisit à Rome même, où il eut des succès : César lui donnait la préférence sur Labérius. Les mimes de Publius étaient remplis de traits de morale : quelques-unes des Sentences qu'ils renfermaient ont été conservées ; on les imprime ordinairement à la suite de Phèdre. Les meilleures éditions séparées de ces sentences sont celles d'Érasme, Bâle, 1502, et de J. C. Orellius, Leips., 1822, in-8, cum not. Variorum. Elles ont été trad. en franç. par Levasseur (1811), par J. Chenu (coll. Panckoucke) et par Baudement (coll. Nisard).

PUCELLE D'ORLÉANS (La). V. JEANNE D'ARC.

PUEBLA (la) ou la PUEBLA-DE-LOS-ANGELES, v. du Mexique, ch.-l. de l’État de Puebla, sur le plateau d'Anahuac, à 122 k. E. S. E. de Mexico, 72 000 hab. Évêché, séminaires, collége, nombreuses églises (presque toutes remarquables). La Puebla est une des plus belles villes du Mexique. Industrie et commerce actifs ; grandes fabriques de faïence. — Fondée en 1533 ; occupée en 1847 par les Américains, en 1863 par les Français, après un siége meurtrier. — L’État de P., entre ceux de Vera-Cruz au N. E., d'Oaxaca à l'E., de Mexico à l'O. et le Grand-Océan au S., a 500 k. sur 225 et env. 800 000 h. Hautes montagnes au centre : la Cordillère d'Anahuac (où se trouve le Popocatepetl et l'Iztaccihuatl); riv. principale, la Nasca. Sol fertile, mais mal cultivé ; salines et mines d'argent. Commerce (jadis plus florissant). Ce pays, appelé Tlasca avant la conquête, était indépendant de Mexico ; il fournit des secours à Cortez pour la conquête du Mexique. Nombreuses antiquités mexicaines, entre autres la fameuse pyramide de Cholula.

PUELCHES, nation indigène de l'Amérique du Sud, répandue dans le Sud de Buenos-Ayres, le N. de la Patagonie et le S. E. du Chili, est auj. réduite à un petit nombre d'individus par l'effet des guerres qu'elles a eues à soutenir contre les Araucaniens.

PUERTO-BELLO ou PORTO-BELLO (c.-à-d. beau fort), v. et port de la Nouv.-Grenade (dép. de l'Isthme), sur la mer des Antilles, à 70 kil. N. O. de Panama ; 1500 hab. (jadis 8000). Excellent port, 2 châteaux forts. — Puerto-Bello était, avant le passage par le cap Horn, l'un des plus grands entrepôts du commerce de l'Amérique avec l'Europe : c'est de là que partaient les galions chargés de métaux précieux. Elle est auj. fort déchue; climat très-malsain. Colomb découvrit ce port en 1502 ; les Espagnols bâtirent la ville en 1584 ; elle a été prise plusieurs fois par les flibustiers, notamment en 1670 par le fameux Morgan, et en 1596 et 1740 par les Anglais.

PUERTO-CABELLO, v. du Vénézuela, sur le golfe Triste, par 70° 37' long. O., 10° 28' lat. N., à 100 k. O. de Caracas ; 8000 hab. Port beau et sûr ; fortifications en ruines. La ville est bâtie dans une île jointe au continent par un pont. Le séjour en est peu sain à cause de marais voisins. — Elle doit sa naissance à des pêcheurs et à des contrebandiers de la colonie hollandaise de Curaçao.

PUERTO-DEL-PRINCIPE, v. et port de l'île de Cuba, ch.-l. du dép. du Centre, sur la côte N., à 520 k. E. S. E. de la Havane ; 40 000 hab. Haute cour de justice des Antilles espagnoles ; lieutenance civile et militaire. Ville mal bâtie et malsaine. Grand commerce de sucre et de café.

PUERTO-REAL, v. d'Espagne (Cadix), près de l'embouchure du Guadalète, à 11 kil. N. E. de Cadix ; 5000 hab. Port que ferme un môle. Pêche active. Entrepôt des marais salants voisins. Puerto-Real était le quartier général des Français lorsqu'ils assiégèrent Cadix en 1811-12 et en 1823.

PUERTO-RICO. V. PORTO-RICO.

PUFENDORF (Samuel, baron de), publiciste et historien, né en 1632 près de Chemnitz, en Misnie, m. en 1694, était fils d'un ministre luthérien. Il étudia surtout Descartes, Grotius, Weigel, et fit paraître dès 1660, en latin, des Éléments de Jurisprudence naturelle qui lui valurent tant de réputation qu'on créa pour lui une chaire de droit naturel à l'Université de Heidelberg (1661). En 1667 il publia, sous le voile de l'anonyme, et toujours en latin, un traité de l'État de l'empire germanique, où il examinait l'origine et les usurpations de toutes les petites puissances de l'Allemagne ; ce livre causa de grandes rumeurs et suscita contre lui des inimitiés qui le déterminèrent à passer en Suède, où le roi Charles XI lui offrait la chaire de droit naturel à l'Université de Lund, nouvellement fondée (1670). Deux ans après, il donna le traité sur lequel repose principalement sa réputation : Du Droit de la nature et des gens, en 8 livres, en latin, Lund, 1672, ouvrage qui fut traduit et commenté dans toutes les langues de l'Europe (notamment en français par Barbeyrac). A la suite de cette publication, il fût nommé par Charles XI historiographe de Suède et secrétaire d'État. L'électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume voulut aussi l'avoir pour historien et l'attira à sa cour en 1686. C'est là qu'il finit ses jours. Ses principaux écrits, après ceux qui ont été déjà cités, sont : De Officio hominis ac civis, Lund, 1673, trad. aussi par Barbeyrac ; De Rebus gestis Suecicis, ab expeditione Gustavi Adolphi usque ad abdicationem Christinæ, 1686 ; De Rebus gestis Caroli Gustavi, Sueciæ regis, 1695 ; De Rebus gestis Friderici III, electoris, postea regis ; Introduction à l'Histoire des États européens, en allemand, 1682, trad. en français par Rouxel, 1710, et continuée par La Martinière ; cet ouvrage et sa continuation ont été réunis sous le titre d’Introduction à l'histoire générale et politique de l'univers, Paris, 1753. Les écrits de Pufendorf, tant de droit public et naturel que d'histoire, ont longtemps été les modèles du genre et se lisent encore avec fruit. Comme Grotius, il fonde la morale et le droit sur le principe de la sociabilité humaine. Moins original et moins profond que Grotius, Pufendorf a eu surtout le mérite de populariser et d'appliquer les idées de ce grand publiciste. Comme historien, il est le plus souvent impartial, excepté toutefois quand il s'agit de l'Église romaine.

PUGET (Pierre), célèbre artiste, à la fois peintre, sculpteur et architecte, né à Marseille en 1622, m. en 1694, débuta par sculpter des ornements en bois pour les navires. Il alla fort jeune en Italie où il étudia la peinture sous Pierre de Cortone, qui voulut en vain le retenir près de lui, revint en France en 1643 et peignit plusieurs tableaux d'église pour Marseille, Aix, Toulon, La Ciotat. Il exécuta en 1656 sa première œuvre d'architecture, la fameuse Porte de l'hôtel de ville à Toulon, avec un balcon soutenu par deux admirables cariatides, fut chargé en 1660 par Fouquet des sculptures de son château de Vaux, et envoyé en Italie pour choisir à Carrare les marbres destinés à ces travaux ; dut renoncer à cette mission après la disgrâce de Fouquet (1661), mais reçut à Gênes un si bon accueil qu'il s'arrêta plusieurs années dans cette ville où il exécuta plusieurs de ses plus beaux ouvrages, et ne revint en France qu'en 1669, sur l'invitation de Colbert, qui le nomma directeur de la décoration des navires à Toulon : c'est alors qu'il inventa ces poupes colossales, ornées d'un double rang de galeries saillantes et de figures en bas-relief et en ronde-bosse, qui ont fait longtemps l'ornement des vaisseaux en Europe. Tout en remplissant ses fonctions, il put encore exécuter plusieurs chefs-d'œuvre de sculpture. On cite entre autres : Alexandre Sauli, S. Sébastien, S. Philippe Néri