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Virginie prit une part active à la guerre de l’Indépendance et se donna dès 1776 une constitution républicaine. Elle eut la gloire de donner naissance à plusieurs des présidents les plus illustres des États-Unis : Washington, Jefferson, Madison et Monroe. En 1861, elle se déclara pour la sécession : sa capitale, Richmond, devint la capitale des États confédérés. Cependant une partie des Virginiens était opposée à la séparation, ce qui donna lieu à la scission de l’État en deux, la Virginie orientale, avec l 261 397 hab., qui resta hors de l’Union, et la V. occidentale ou Kanawha, avec 334 921 h., qui fut reçue dans l’Union en 1862 comme État nouveau.

VIRGINIUS, père de Virginie. V. VIRGINIE.

VIRGINIUS RUFUS (L.), général romain, né aux environs de Côme l'an 14 de J.-C., obtint trois fois le consulat (en 63, en 70, en 97), fut gouverneur de la Hte-Germanie, marcha contre le Gaulois Vindex, qui s'était révolté contre Néron, et le vainquit (V. VINDEX), refusa deux fois l'empire, que lui offraient ses soldats (après Néron et Othon), et mourut en 97, pendant son 3e consulat. Tacite, qui lui fut subrogé, prononça son éloge.

VIRIATHE, chef lusitanien, avait été successivement berger, chasseur, chef de brigands. Échappé au massacre ordonné par Sulpicius Galba, il leva l'étendard de la révolte contre les Romains l'an 149 av. J.-C., vit bientôt affluer autour de lui une foule d'hommes déterminés, et défit quatre préteurs (C. Vétilius, 149; C. Plautius, 148; Claudius Unimanus, 147; C. Nigidius Figulus, 146). Arrêté quelque temps par Fabius Æmilianus, qui le battit en 144, il ne s'en maintint pas moins maître des montagnes, souleva contre les Romains plusieurs peuples de la Celtibérie, les battit de nouveau, et força en 141 le consul Fabius Maximus Servilianus à conclure la paix avec lui; mais l'année suivante il fut attaqué à l'improviste par un autre consul, Servilius Cépion, qui viola le traité de 141, et il périt égorgé dans sa tente par deux de ses officiers qu'avait gagnés le général romain. Viriathe est, après Annibal et Mithridate, le plus redoutable ennemi qu'ait rencontré la République romaine.

VIRIDOMARE, roi des Gaulois Gésates, soutint les Insubres dans leur guerre contre les Romains et tenta d'enlever à ceux-ci Clastidium, mais il fut tué en combat singulier par Marcellus, qui remporta ainsi les 3espagnol dépouilles opimes, 222 av. J.-C.

VIRIEU, ch.-l. de c. (Isère), à 11 kil. S. E. de la Tour-du-Pin; 1119 hab. Scieries hydrauliques.

VIRIEU-LE-GRAND, ch.-l. de c. (Ain), à 15 kil. N. O. de Belley; 839 hab.

VISAPOUR, ville de l'Inde. V. BEDJAPOUR.

VISCONTI, célèbre maison de Milan, fournit pendant deux siècles des chefs et des maîtres à Milan, et fut longtemps à la tête des Gibelins.

Othon Visconti, né en 1208, m. en 1295, s'attacha au cardinal Octavien des Ubaldi, qu'il accompagna dans diverses ambassades, et fut, grâce à la protection de ce prélat, nommé archevêque de Milan en 1263 par le pape Alexandre IV; mais les della Torre, alors tout-puissants dans Milan, ne lui permirent pas de prendre possession de son siége; il s'ensuivit une longue guerre civile, et ce n'est qu'au bout de 14 ans qu'il put asseoir son autorité : il entra en triomphe dans Milan en 1277. — Son neveu, Matthieu I, le Grand, né en 1250, eut part à ses victoires, puis à son gouvernement, avec le titre de capitaine général, acquit en 1290 Verceil, puis Côme, et fut reconnu, à la mort d'Othon, seigneur perpétuel de Milan (1295). Il était de plus vicaire impérial en Italie depuis 1294. En 1302 une ligue puissante, formée par les della Torre et Albert Scotto de Plaisance, lui enleva presque toutes ses possessions. Pour réparer ses pertes il appela l'empereur Henri VII en Italie : il chassa avec son secours les della Torre, se fit confirmer par l'empereur dans le vicariat et dans la possession du Milanais, érigé en comté (1311), et y joignit Bergame, Pavie, Plaisance, Tortone. Il eut sans cesse à lutter contre la faction des Guelfes et contre le pape Jean XXII, qui l'avait excommunié. En 1322 il abdiqua en faveur de son fils Galéas I, et se retira dans un couvent où il mourut en 1323. — Le fils de Matthieu, Galéas I, né en 1277, devenu souverain de Milan en 1322 par cette abdication, fut la même année chassé de cette ville par une émeute guelfe, y rentra au bout d'un mois, s'y vit assiégé par les Guelfes, que soudoyait le pape (1323), mais se maintint jusqu'à l'arrivée de l'empereur Louis V qui consolida son autorité (1327). Bien que nommé par ce prince vicaire impérial, il se rapprocha secrètement des Guelfes : Louis V le fit alors jeter, avec son fils aîné et deux de ses frères, dans les prisons de Monza; il fallut l'intercession de Castruccio-Castracani pour lui faire rendre la liberté (1328). Quant à ses États, l'empereur les garda. Galéas mourut la même année. — Azzon, fils aîné du préc., né vers 1302, avait été enfermé avec son père à Monza par l'emp. Louis V. Devenu libre, il réussit à se faire nommer par ce même prince vicaire impérial à Milan (1328); mais bientôt il se déclara contre lui et devint l'allié du pape Jean XXII qui, en sa faveur, leva l'interdit depuis si longtemps jeté sur Milan et les Visconti, et qui le nomma vicaire de l’Église. Il entra dans la ligue formée contre Jean de Bohême, qui voulait asservir l'Italie, et eut pour sa part de dépouilles les villes de Bergame, Plaisance, Crémone et la suzeraineté sur Pavie. Il prit encore, de 1332 à 1337, Vigevano, Crême, Côme, Lodi, Brescia, etc. Attaqué par un de ses oncles, Lodovic Visconti, qu'il avait chassé de Milan pour complot, il envoya contre lui un autre de ses oncles, Luchino , qui le battit. Azzon mourut en 1339. — Luchino, 3e fils de Matthieu le Grand et oncle d'Azzon, fut proclamé en 1339 seigneur de Milan, avec son frère Jean, archevêque de cette ville, et exerça presque toute l'autorité. Il se montra implacable à l'égard de tous ceux qu'il soupçonnait; mais en même temps il comprima la licence des soldats, les violences des nobles, fit fleurir la paix intérieure et rappela les exilés. Il acquit Parme, Asti, Locarno, et méditait l'acquisition de Bologne et de Gênes, quand il mourut, en 1349, empoisonné par sa femme Isabelle Fiesco. — Jean, 4e fils de Matthieu le Grand et frère du préc., fut nommé en 1329 archevêque de Milan, et devint en 1339 co-seigneur de cette ville. Laissé seul maître en 1349 par la mort de son frère, il agrandit ses États, acheta Bologne de Jean Pepoli, au préjudice du pape (1350), et obtint la soumission de Gênes (1353); il mourut en 1354, au moment où se formait contre lui la ligue de Venise. — Matthieu II, neveu du précéd. comme fils d’Étienne, 5e fils de Matthieu le Grand, partagea la souveraineté avec ses deux frères Galéas et Barnabo, et eut en propre Vigevano, Monza, Lodi, Bobbio, Pontremoli, Plaisance, Parme, Borgo-san-Donino, Bologne; mais Jean d'Oleggio, son cousin, lui enleva cette dernière ville (1355). Matthieu mourut la même année, empoisonné par ses frères : c'était un prince cruel et qui fut peu regretté. — Galéas II, frère de Matthieu II, et co-seigneur de Milan avec lui dès 1354, eut en propre Côme, Novare, Verceil, Asti, Tortone, Alexandrie, et y joignit ensuite Plaisance, Bobbio, Monza, Vigevano. Attaqué par les coalisés de Venise, il ne fit point la guerre en personne, et prit à son service des condottieri, qui le défendirent, mais qui foulèrent ses peuples. Il m. en 1378. — Barnabo, frère des deux préc., et co-seigneur de Milan en 1354, eut pour sa part Crémone, Crême, Bergame, Brescia, et y joignit Lodi et Parme. Après divers échecs, il fit la paix avec la ligue de Venise (1356), en abandonnant Gênes et Bologne. Il eut encore à lutter contre la ligue de Viterbe, formée par le légat Albornos (1368) et dans laquelle entrait l'empereur Charles IV, puis contre deux autres ligues formées aussi par l'influence des papes (1369-70)