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de la fausse conscience

vue, tout à l’heure si claire, se trouble et s’obscurcit ; nous cherchons quelque autre biais pour prendre les choses, de sorte qu’elles commencent à nous apparaître sous un autre jour. D’abord nous n’avions point de doute sur la seule voie légitime à suivre ; maintenant nous commençons à en avoir. Bientôt, par un nouveau degré d’illusion volontaire, du doute nous passons à une sorte de persuasion que le droit n’est pas du côté où nous l’avions vu d’abord, mais du côté opposé, c’est-à-dire du côté où est notre intérêt. Chacun par devers soi est singulièrement habile, plus habile que tous les casuistes que Pascal a mis en scène dans les Provinciales, pour justifier le pire parti, s’il lui est le plus avantageux. Après avoir plus ou moins longtemps disputé avec sa conscience, on la contraint, de guerre lasse, à céder et à se plier à ce que veulent d’elle l’égoïsme, l’intérêt, la passion.

Un des meilleurs auteurs comiques de ce temps-ci a mis en scène, avec autant d’esprit que de vérité d’observation morale, ces débats intérieurs, ces luttes fréquentes, dans plus