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DÉFAITE DES SAINES

augmentait. Il traversait les rangs ennemis, bruyant et fracassant comme le tonnerre, et, quand son épée s’abaissait pour frapper, il semblait que ce fût la foudre. Ses frères l’imitaient ; mais Galessin surtout faisait merveilles : autour de lui les mécréants tombaient comme les blés mûrs sous la faucille ; vers le soir, il était sanglant comme s’il fût sorti d’une rivière de sang. Les Saines étaient plus hauts et mieux armés, mais les chrétiens plus agiles, si bien qu’à la fin les païens cédèrent. Tous leurs rois étaient tués, sauf Rion, Oriens, Sorbare, Cornican, Murgalan de Trebeham et l’amiral Napin. Poursuivis de près, ils s’enfuirent de toute la vitesse de leurs chevaux vers la mer prochaine ; et, non sans que plus de la moitié d’entre eux fussent noyés ou occis, ils s’embarquèrent sur leurs nefs, coupèrent les cordes des ancres, hissèrent les voiles en hâte, et s’en furent où le vent les mena.


XLI


Or, en revenant de la mêlée, où il avait pris grand chaud, Sagremor ôta son heaume : aussitôt il commença de se refroidir, d’où lui vint au cœur une si grande douleur que son visage noircit. Sentant qu’il s’affaiblissait, il pria