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MERLIN L’ENCHANTEUR

Trèbe, où il le tenait assiégé. Si bien que le roi Ban se voyait en grand péril d’être pris par famine ou autrement.

Quand la mi-août fut venue, il dit à la reine sa femme :

— Dame, savez-vous à quoi j’ai songé ? C’est d’aller moi-même demander aide au roi Artus et lui remontrer comment je suis déshérité : il aura plus grande pitié si je me présente à sa cour en personne que si je lui envoie un messager. Préparez-vous donc, car vous viendrez avec moi, et nous n’emmènerons que mon fils et un écuyer. Prenez tout ce que j’ai céans d’or, de joyaux et de vaisselle. Ce château est si fort que je ne crains guère qu’avant mon retour il ne soit emporté d’assaut, mais nul ne se peut garder de trahison.

Le reine approuva le projet de son seigneur. Et, tandis qu’elle préparait le bagage, le roi fut trouver son sénéchal auquel il confia sa forteresse en le priant de la garder comme le cœur de sa poitrine. Puis il choisit pour lui servir d’écuyer celui de ses valets auquel il se fiait le plus ; et, quand le moment fut venu, trois heures avant l’aube, il sortit secrètement par un ponceau de bois, après avoir recommandé à Dieu son sénéchal et ses gens. Car sachez que le château n’était assiégé que d’un côté, étant de l’autre défendu par des marais tellement vastes et profonds que Claudas n’avait pu l’en-