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FUITE DU ROI BAN

tourer. Le roi Ban s’en fut donc par une très étroite chaussée qui courait à travers les eaux et qui était longue de deux bonnes lieues pour le moins. Sa femme était montée sur un grand palefroi amblant, très doux. L’écuyer, qui était preux et de grand service, portait l’enfant dans un berceau, sur un coussin, et l’écu du roi. Un garçon à pied menait en main le destrier et tenait la lance. Un autre garçon conduisait un sommier chargé de joyaux, de vaisselle, de deniers et des bagages. Enfin le roi lui-même, coiffé de son heaume, vêtu de son haubert et de ses chausses de fer, ceint de son épée, couvert de son manteau de pluie, chevauchait sur un bon palefroi bien éprouvé.

En cet équipage, la petite troupe traversa le marais et entra dans la forêt voisine qui était la plus grande de toutes celles de la Gaule et de la Petite Bretagne, car elle avait bien dix lieues galloises de long et six ou sept de large. Au centre était un lac qu’on nommait le lac de Diane. Cette Diane, qui fut reine de Sicile et qui régna au temps de Virgile, le bon auteur, était la dame du monde qui aimait le plus à courir les bois, et elle chassait tout le jour : aussi les païens qui vivaient en ce temps-là l’appelaient la déesse des bois, tant ils étaient fols et mécréants. Le roi, qui connaissait bien le lac de Diane, résolut de faire reposer là la reine et ses gens jusqu’au jour. Cependant, il