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TRAHISON D’ALEAUME

Il parla ainsi quelque temps et le sénéchal finit par lui promettre de l’aider de tout son pouvoir, pourvu qu’en retour Claudas le fît roi de Benoïc. Et quand Claudas eut juré sur les reliques, le sénéchal lui apprit le départ du roi Ban.

— Sire, ajouta-t-il, je laisserai en rentrant les portes décloses et je dirai que nous avons bonne trêve ; nos gens l’apprendront volontiers et ils iront se dévêtir et se reposer, car ils ont souffert assez de fatigues et de peines en ces derniers temps.

Ce qu’il fit ; mais un chevalier nommé Banin, qui était filleul du roi Ban et qui faisait le guet, chaque nuit, tout armé, le vit rentrer et lui demanda d’où il venait et pour quelle besogne il était sorti à pareille heure.

— Je viens, dit le traître, de voir Claudas pour recevoir de lui la trêve qu’il octroie au roi mon seigneur et le vôtre.

En entendant cela, Banin frémit de tout le corps.

— Sénéchal, fit-il, qui veut loyalement agir ne va pas à pareille heure demander trêve à l’ennemi mortel de son seigneur.

— Comment ? me tenez-vous pour déloyal ?

Banin n’osa répliquer : le sénéchal était le plus fort et pouvait le faire tuer. Mais il se hâta de monter dans une tourelle pour guetter et il ne tarda pas à voir vingt chevaliers ennemis,