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MERLIN L’ENCHANTEUR

bientôt suivis de vingt autres, et ainsi de suite, qui gravissaient silencieusement la butte du château. Aussitôt il descendit les degrés en criant de toutes ses forces :

— Trahison ! Trahison !

À ce cri, les gens de la garnison sortirent de leurs logis et coururent aux armes en toute hâte, mais avant même qu’ils eussent pu prendre leurs hauberts, déjà les chevaliers de Claudas passaient la première porte. Le sénéchal sortit à son tour, faisant semblant d’être tout surpris de l’aventure et regrettant hautement son seigneur. Mais il n’eut guère le temps de lamenter, car Banin qui passait lui courut sus en criant :

— Ah ! félon, meurtrier ! vous avez trahi votre seigneur lige qui du néant vous avait élevé à ce rang et vous lui avez ôté l’espoir de recouvrer sa terre ! Mais vous irez où est Judas qui vendit Celui qui était venu en ce monde pour le sauver !

Et ce disant, d’un seul coup il lui fit voler la tête ; puis, voyant que les chevaliers de Claudas arrivaient dans le petit château, il courut de toutes ses forces au donjon dont il leva le pont en grande hâte ; et là, avec les trois sergents qui gardaient la tour, et dont l’un lui avait ouvert la porte, il se prépara à faire bonne défense.

Maintenant toute la forteresse était aux mains de Claudas, hors la tour, et des bâtiments commençaient de flamber, au grand courroux du