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MERLIN L’ENCHANTEUR

moiselles, et elle donna à Lancelot une bonne nourrice. Mais nul ne savait le nom de l’enfant : les uns l’appelaient Beau Trouvé, les autres Fils de Roi : lui, il croyait que la Dame du Lac était sa mère. Et il grandit et devint si beau valet qu’à trois ans il en paraissait cinq.

À cet âge, il eut un maître qui l’enseigna et lui montra à se comporter en gentilhomme. Dès qu’il fut possible, on lui donna un petit arc et des flèches qu’il décochait sur les menus oiseaux ; puis, quand il fut plus grand, on lui renforça ses armes, et il visa les lièvres et les perdrix. Il eut un cheval aussitôt qu’il put chevaucher, sur lequel il se promenait aux environs du lac, toujours bien accompagné de valets et de gentilshommes, et il semblait le plus noble d’eux tous : aussi l’était-il. Enfin, il apprit les échecs, les tables et tous les jeux avec une facilité remarquable, tant il était doué d’esprit : adolescent, nul n’aurait su lui remontrer là-dessus. Et voici son portrait pour ceux qui aiment à entendre parler de beauté d’enfant.

Son teint était clair-brun : sur son visage, la couleur vermeille se mariait agréablement à la blanche et à la brune, et toutes trois se tempéraient l’une par l’autre. Il avait la bouche petite, les lèvres rouges et bien faites, les dents blanches, menues et serrées. Son menton était bien formé, creusé d’une petite fossette ; son nez un peu aquilin ; ses yeux bleus, mais changeants :