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MERLIN L’ENCHANTEUR

sant le sceptre et l’épée, il saisit la couronne, la jette sur le pavé, l’écrase du talon, en fait voler les pierres.

Voilà tout le palais en rumeur. Dorin s’élance au secours de son père gisant, tout couvert de vin et de sang ; les barons se lèvent, les uns pour se jeter sur les enfants, les autres pour les défendre. Lionel a ramassé l’épée, Bohor le sceptre, et tous deux s’en escriment à deux mains de toute leur force ; mais ils n’auraient pu durer contre tant de gens, si la vertu des fleurs que la demoiselle leur avait données n’eût empêché qu’aucune arme ne les pût blesser au sang, et celle des fermails, que nul coup ne leur pût rompre les membres. Tous deux gagnaient vers la porte sous la conduite de Saraide, lorsque Dorin, les voyant fuir, se précipite sur eux ; mais Lionel hausse l’épée, lui tranche le poing gauche qu’il a levé pour se protéger et lui coupe la joue et le col à moitié ; Bohor en même temps lui ouvre la tête d’un coup de sceptre ; et Dorin tombe mort. À cette vue, le roi, qui avait grand courage, saisit l’épée d’un de ses chevaliers, entoure son bras gauche de son manteau, et court sus aux enfants sans se soucier d’exposer sa propre vie entre tant de gens dont beaucoup le haïssaient. À le voir venir ainsi, terrible, Saraide demeure un instant étonnée, mais elle se ressaisit juste à temps pour jeter un enchantement qui donne aux