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LES LÉVRIERS ENCHANTÉS

enfants la semblance de ses deux lévriers et aux chiens la leur, et dans le même instant elle se jette au-devant du roi, dont l’épée la blesse au sourcil ; elle en porta la cicatrice toute sa vie.

— Ha, roi Claudas, crie-t-elle, j’ai chèrement payé ma venue en votre cour ! Vous m’avez blessée et vous voulez tuer mes lévriers, qui sont les plus beaux du monde !

Le roi regarde : il croit voir les deux enfants s’enfuir ; mais c’étaient les chiens qui se sauvaient, effrayés du tumulte. Il les poursuit, lève son arme pour les frapper au moment qu’ils vont passer la porte, mais ils la franchissent si lestement que l’épée s’abat vainement sur le linteau et vole en pièces.

— Dieu soit loué ! dit-il en regardant le tronçon qui lui restait aux mains. Si j’eusse tué de ma main les fils de Bohor, on me l’eût reproché éternellement, et j’en eusse été honni.

Lors il fit saisir ce qu’il croyait être les petits princes et les remit en garde à ceux de ses gens en qui il se fiait le plus. Et s’il pleura ensuite la mort de son fils, il ne faut pas le demander. Mais Pharien et Lambègue n’étaient pas moins dolents que lui, car ils ne doutaient guère que leurs jeunes seigneurs, qu’ils croyaient pris, ne fussent sous peu livrés à la mort.