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MERLIN L’ENCHANTEUR

parce que vous étiez mon fils qu’en raison de la grande valeur qui était en vous.

Pour l’amour de vous, j’avais amendé mes anciennes façons, et moi qui jamais ne fus généreux, je l’étais devenu. Ha ! certes, je n’attendais plus que ma propre prouesse me valût aucune nouvelle conquête ; mais par votre grand courage ne m’eussiez-vous mis au-dessus de tous, vous qui passiez tout le monde comme l’or les métaux et le rubis les pierres ? Nulle force n’existe en comparaison de celle de Dieu ; aussi convient-il de souffrir ce qu’il nous envoie. Hélas ! je m’émerveille de sentir mon cœur battre encore !

Cependant que Claudas lamentait ainsi, il entendit le grand tumulte que faisaient devant son palais les chevaliers et les bourgeois de Gannes, auxquels s’étaient joints beaucoup des barons de Benoïc, anciens sujets du roi Ban. Il n’avait avec lui que peu de gens de sa terre de la Déserte pour le défendre. Mais il jeta un haubert sur son dos, laça son heaume, pendit son écu à son col, ceignit son épée et prit une hache au fer tranchant et au manche renforcé, car il était l’homme du monde qui savait le mieux s’en escrimer dans la mêlée ; puis il se fit voir à une fenêtre de son palais.

— Pharien, cria-t-il, que voulez-vous, vous et ces gens ?

— Sire, nous voulons que vous nous rendiez