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MERLIN L’ENCHANTEUR

d’Orcanie dit qu’il épouserait volontiers la fille du duc de Tintagel. Et tous se tournèrent vers la duchesse, à qui l’eau de son cœur montait aux yeux et qui ne répondit rien ; mais tous ses parents dirent que jamais seigneur n’avait fait à son homme lige une paix plus équitable. Et trente jours plus tard eurent lieu les noces du roi Uter Pendragon et d’Ygerne.

Or, quand la grossesse de celle-ci apparut, elle confessa en pleurant à son seigneur comment un homme l’était venu visiter après la mort du duc, qui ressemblait si fort à celui-ci qu’elle l’avait pris pour lui.

— Belle amie, dit le roi, gardez que personne à qui vous la pouvez céler ne connaisse votre grossesse, car ce serait grande honte à moi et à vous si l’on savait que vous avez eu un enfant si tôt. Nous le confierons à quelqu’un qui l’élèvera bien.

Et quand l’enfant fut né, il le donna à Merlin, qui le remit secrètement à l’un des plus honnêtes chevaliers du royaume, nommé Antor, dont la femme avait accouché six mois auparavant. Elle confia son propre fils à une nourrice et allaita celui qu’on lui amenait. Puis, le moment venu, Antor fit baptiser l’enfant sous le nom d’Artus et l’éleva en tout honneur et bien, en compagnie de son propre fils qu’on appelait Keu.