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MERLIN L’ENCHANTEUR

cette phrase qui s’y trouvait gravée en lettres d’or :


Celui qui ôtera cette épée sera le roi élu par Jésus-Christ.


Déjà les plus hauts et riches hommes commençaient de contester entre eux à qui tenterait l’épreuve le premier. Mais l’archevêque leur dit :

— Seigneurs, vous n’êtes point aussi sages qu’il faudrait. Ne savez-vous point que Notre Sire n’a souci de richesse, ni de noblesse, ni de fierté ? Seul, celui qu’il a désigné réussira, et, s’il était encore à naître, l’épée ne serait jamais ôtée devant qu’il vînt.

Alors il choisit lui-même deux cent cinquante prud’hommes pour tenter l’aventure tout d’abord. Mais aucun ne parvint à mouvoir l’épée. Après eux, et dans la semaine qui suivit, tous ceux qui voulurent s’y efforcèrent, mais vainement. Et l’on atteignit ainsi le jour des étrennes.

Ce jour-là, on donnait chaque année un grand tournoi aux portes de la cité. Quand les chevaliers eurent assez joûté, ils firent une telle mêlée, que toute la ville en courut voir le spectacle. Keu, le fils d’Antor, qui venait d’être fait chevalier à la Toussaint précédente, appela son jeune frère, et lui dit :

— Va chercher mon épée à notre hôtel.

Artus était un bel et grand adolescent de