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Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/53

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BATAILLE DE KERLÉON

munia tous ceux qui voudraient méfaire au roi. Puis Merlin, du sommet de la tour, jeta un enchantement tel que toutes les tentes et pavillons des barons rebelles se mirent à flamber. Quand il les vit ainsi en feu, il donna son signal : la porte s’ouvrit brusquement et le roi Artus et les siens chargèrent aussi vite que leurs chevaux purent galoper, la lance basse et l’écu devant la poitrine. Si bien qu’ils mirent d’abord le désordre dans les rangs de l’ennemi surpris.

Cependant le roi Nantre, qui était grand, fort et membru à merveille, se dit que, s’il tuait Artus, la guerre serait tôt faite. Il prend une lance peinte, courte, roide et grosse, à fer tranchant, et charge à toute allure le roi. Le voyant venir, Artus broche à son tour et s’assure sur ses étriers : de sa lance de frêne il heurte le roi Nantre avec tant de force qu’il lui perce son écu et le porte à terre par-dessus la croupe de son destrier, si durement que toute la terre en résonne. Mais les gens du roi Nantre se précipitent à son secours et le remettent à cheval ; ceux du roi Artus viennent aider à leur seigneur ; il se fait une mêlée furieuse.

Sa lance brisée, Artus tire son épée, celle qu’il avait arrachée du perron merveilleux. Elle s’appelait Escalibor, qui signifie en hébreu tranche fer et acier, et elle jetait autant de clarté que deux cierges allumés. Le roi la brandit et commence de frapper à dextre et à