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MERLIN L’ENCHANTEUR

Léodagan, les dames, les pucelles, qui regardaient le combat sur le mur de la ville, tendent leurs mains vers le ciel en priant Notre Seigneur et en pleurant de pitié pour le rude travail d’armes qu’il souffre, si jeune encore et si petit.

Cependant, le roi Ban de Benoïc, qui était très grand et large d’épaules, cherchait partout son ennemi mortel le roi Claudas de la Déserte. Midi était déjà passé lorsqu’il l’aperçut au milieu de sa gent : aussitôt il se précipite droit sur lui, renversant tout au passage ; déjà il lève à deux mains son épée : le roi Claudas jette son écu à la parade, mais le coup s’abat si rudement qu’il tranche l’écu, l’arçon et le cheval entre les deux épaules. Et le roi Ban allait faire passer son destrier sur son adversaire gisant et le fouler rudement, lorsqu’il vit à quelque distance Bretel, la cuisse prise sous son cheval abattu et qu’Ulfin défendait de son mieux : il s’élance à leur secours, mais la presse se referme sur eux ; bientôt sa monture et celle d’Ulfin sont tuées : les trois chevaliers se placent dos à dos et se défendent durement. Hélas ! ils sont bien aventurés, au milieu des ennemis, et peu s’en faut qu’il n’advienne un dommage qui ne sera jamais réparé !

À ce moment, Merlin, qui savait toutes choses, appela le roi Artus et le roi Bohor, et leur apprit ce qui se passait.