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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/156

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

« 18 mars 1851. Un grand accablement m’a empêchée de vous répondre. Pardonnez-moi, je l’ai essayé plusieurs fois ; mais dans quel coin de mon sort laborieux trouver de la solitude pour mic recueillir ?

« Pensez, cette fois, que c’est presque sur une tombe qu’il faut demander un peu d’ordre à mon esprit abattu. Comment oserais-je, de là, juger celui d’un autre ? Quel jugement peut-on écrire avec des larmes dans les yeux ? « Oui, vous avez raison, ce serait par éclair (1), à mon insu, que vous saisiriez les impressions gardées dans ma mémoire, la mémoire compriméc de cet espril incompréhensiblc qui vous occupe. Mais nous ne nous voyons pas. Comment faire ? Votre voix me ranimerait et je trouverais des paroles pour vous répondre. Ici, je suis trop en moi-même. C’est vraiment un triste asilc, et je ne voudrais pas mêler un mot de tristesse personnelle à ma lellre. Mais je suis frappée à terre par tant de pertes irréparables ! Ces cris sourds m’atteignent de partout comme une terrible électricité, et je sens bien que personne no me lient compte de ce dernier coup de foudre, quc Dicu peut-être, qui sait toul, qui plaint tout ! J’étais déjà en dcuil, et à peine ai-je soulevé le voile qu’il faut le rabattre sur mon âme, et je n’en peux plus !

« D’ailleurs, je n’ai pas défini, je n’ai pas (1) « Et qui mieux que vous peut m’en parler et m’en donner l’idée et l’éclair ? » avail écrit Sainte-Beuve à Marceline.