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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/176

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

— « 

Bruxelles, 1817. — Sais-lu, Prosper, ce que j’ai trouvé dans ta lettre ? Une âme que

la mienne attendait !… hier… tous ces jours qui semblent écoulés pour les autres ne le sont pas pour moi ; ils m’entourent le temps s’arrête pour me laisser libre de respirer je mourrais s’il s’échappait trop vite. – Tomy ! mon adoré Tomy ! (1). Si ton ceur est agité, vois comme ma main tremble.

« Je suis heureuse. Comme mon âme s’ouvre à ce mot oublié, effacé depuis… toujours ! Tu l’as gravé pour moi au ciel, en ce monde… partout… Je le lirai dans tes yeux ! Quoi ! la vie est donc le bonheur ?… Que Dicu te comble d’une félicité pareille [à celle où je suis. Je ne sais où je suis : dis-le-moi, mon amour ! Oh ! oui, Tomy, prends garde à ma vie, on meurl de joie.

<< As-tu vu hier, as-tu vu ma tendresse ? dans ma douleur… dans l’ivresse qui l’a suivie ? Oh ! pourquoi regretter quelques heures d’un si vil lourment ? Quel charme l’a payé ! Quelle âme tu m’as donnée !… Oh ! je ne sais plus écrire, en vérité. Adieu, Prosper, mon cher époux ! « Ton père m’aime beaucoup. « J’ai tant d’égards pour lui que je vous aime un peu. N’est-il pas vrai que je suis bien polie ? (1) Ils avaient joué ensemble, à Bruxelles, une comédie de Desforges : Tom Jones à Londres, où son mari tenait le rôle de Tom, et elle-même celui de Sophie Western.