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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/191

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

vivre, écrit un jour notre amie à son époux (1). Quoi ! j’impose, moi ! moi si écraséc alors dans le sentiment de dédain que je croyais t’inspirer… Moi, si vraie, j’ose dire si naïve pour tous les autres, c’est toi qui me redoulais ! quand j’avais le cœur martyrisé de la froideur et de ta lassitude de me voir ! » Et ailleurs clle lui dit encore non sans une sorte d’égarement : (2) « Je lis et relis ce que tu as la cruauté de me dire sur ma tendresse ; je pleure et je t’accuse dans mon étonnement. Quoi ! cette pénible patience de t’avoir caché mes lourments n’est pas mieux payée, cher et ingral ami ! Des éclats qui t’eussent rendu malheureux, que je redoutais pour ton repos… et puis qui me semblaient devoir l’éloigner encore de moi, tu as pris tout cela pour de la froideur ! Ah ! c’est trop déchirant ! el pourtant on eût profité de cela peut-être pour t’arracher à moi ? J’ai manqué d’en mourir ot d’étouffer de silence. Tu n’as rien compris, aveuglement d’un cour dont j’ai cru si longlemps être effacée ! tu te repentiras ! n’est-ce pas ? tu pleureras avec moi de ce qui me fait pleurer en ce moment. Tu ne vois pas clair sur toi-même, et moi ! j’ai été aussi bien déliante. (1) 18 novembre 1832. (2) 10 décembre 1832.