Aller au contenu

Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/27

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
23
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

une cocarde et sans doute un bonnet rouge sur ses cheveux blonds. C’était Marceline. Et l’enfant prononça de sa petite voix une harangue où les aristocrates se voyaient flétris comme il sied, tandis que le peuple souverain y étail comparé à Hercule, appuyé sur sa massue toute fumante des monstres qu’il venait d’écraser. Elle déclama ce beau discours avec infiniment de grâce et de sensibilité, — et ce fut le premier succès d’actrice de la sensible Valmore. (1) Donc Marceline était précoce, mais ses parents no la « poussaient » pas beaucoup, comme on dit. Le pauvre peintre en armoiries et sa femme étaient des commerçants modestes ; ils cstimaient’sans doute que « il n’est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu’une femme étudic et sache tant de choses ». Marceline nous a dit elle-même qu’elle ne savait rien, à dix ans, qu’être heureuse (2). Elle devait oublier bien vite cette science-là.

Félix Desbordes était très attaché à la (1) Elle aimait, parait-il, à raconter cette histoire, recueillie par M. Pougin, pages 15-17. (2) II, 5. C’était sa scur ainée qui lui avait appris à lire (II, 67).