Aller au contenu

Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
315
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Et comme on oublie une fête, Jeune encor j’oublierai l’amour. Pour beaucoup d’avenir j’ai trop peu de courage, Oui, je le sens au poids de mes jours malheureux, Ma vie est un orage affreux Qui ne peut être un long orage. (1) J’ai voulu donner toute cette strophe, prise au hasard — je le jure ! au commencement des Elégies et Poésies nouvelles de 1825, sans m’arrêter aux premiers vers qui sont délicieux, et sans couper le quatrième qui me désespère. Certes, nous sommes loin ici des appels haletants et des nocturnes ardeurs d’une Sapho moderne. Mais qu’aurait-il pensé de notre littérature brutale, ce pudique M. Asseline qui reprochait à Marceline d’avoir chanté « l’amour sensuel et hardi » au point d’ « oublier qu’elle était femme » (2) ? Qu’aurait-il dit, ce Paul de Molènes qui jugeait de la plus haute inconvenance des vers comme ceux-ci : Quoi ! sur ton cœur jamais ne pourrai-je dorinir ?… J’ai goûté cet amour, j’en pleure les délices… Cher amantt quand ton sein palpita sur mon sein… (1) L’Indiscret, édition 1825, page 20. (2) A. Assolinc el P. de Molėnes, articles cités.