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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/320

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Si, dans ces premières élégies, Mlle Desbordes dépeint ses tourments par des discours bien « nobles », bien « chastes » ou bien fleuris pour nous, il nous faut songer que c’est une pudeur un peu affectée sans doute, mais après tout délicate, qui l’empêche d’exprimer trop librement et trop directement ses ardeurs. Et la Muse de Marceline, qui d’ailleurs n’a pas besoin de mon plaidoyer, cn est moins belle, peutêtre, mais non pas moins touchante, d’être ainsi habillée à la mode de son temps. Presque toutes les premières poésies de Mme Valmore sont écrites en vers libres, dont elle use avec un goût très sûr. Est-il rien de plus agréable que ce début de l’Arbrisseau, que

l’on pourrait croire celui d’une fable de la Fontaine : La tristesse est rêveuse, et je rêve souvent ; La nature m’y porte, on la trompe avec peine ; Je rêve au bruit de l’eau qui se promene, Au murmure du saule agité par le rent… (1) Mais là s’arrête la ressemblance, et pour en être sûr, il suffit de continuer la lecture (1) I, 3.