Aller au contenu

Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/321

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
317
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

de la pièce : où le fabuliste se serait contentó d’indiquer le développement, c’est là que Mme Valmore s’étend et appuie davantage ; ces plaintes de l’arbrisseau retardent le récit ct alourdiraient la fable, mais elles sont pour la lyrique Marceline tout le sujet de son poème. Car elle ne peint, ni elle ne conte : elle chante sa peine, et l’on pourrait presque croire que les mots sont moins pour elle des images que des notes. Sans doute, dans les plus nobles phrases et dans les plus beaux vers français, on voit bien qu’ils ont à la fois l’une et l’autre valeur, et non seulement qu’ils rendent exactement ou peignent la pensée de l’écrivain avec toutes ses nuances, mais encore qu’ils l’expriment par leur rythme et leur mélodie, comme une phrase de musique exprime la penséc du compositeur. Or, Mme Valmore n’arrive que rarement à cette perfection, car ses vers pèchent souvent par les images et par la clarté. Mais ils ne pèchent jamais contre la musique, et c’est sa première qualité, en quoi elle est profondément poète, que d’avoir l’oreille juste. On sait, au surplus, qu’elle écrivait ses élégies sur des mélodies : « Ces vers-là, disait-elle un jour à Antoine de