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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

d’eau de mer et le versc sur le chef de ceux qui n’ont jamais passé la Ligne, ou qui ne sont pas parvenus à la latitude des glaces. On fuit sur les ponts, on remonte sur les écoutilles, on grimpe aux mâts : père Tropique vous poursuit ; cela finit au moyen d’un large pourboire… » Cependant, la plus belle, la plus émouvante des aventures, c’est la rencontre d’un autre vaisseau. « Les deux bâtiments s’approchent, hissent leur pavillon, carguent à demi leurs voiles, se mettent en travers. Quand tout est silence, les deux capitaines, placés sur le gaillard d’arrière, se hèlent avec le porte-voix : « Le « nom du navire ? De quel port ? Le nom « du capitaine ? D’où vient-il ? Combien « de jours de traversée ? La latitude et la << longitude ? A Dieu va ! » On lâche les ris, la voile retombe. Les matelots et les passagers des deux vaisseaux se regardent fuir sans mot dire. » Ils songent sans doute que de longs jours devront s’écouler encore avant que l’eau change de couleur et que l’on rencontre du bois flottant et des goëmons, avant qu’on aperçoive des mouettes et des canards, que des petits oiseaux viennent se percher sur les vergues et que