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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/311

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connut plus de bornes ; malgré les efforts de Pichegru, et même de Saint-Just, l’ordre d’arrêter Desaix est donné et les commissaires de la Convention se présentent pour l’exécuter.

Mais soudain un généreux mouvement d’indignation soulève la division tout entière. Les soldats enlèvent le général, et, le plaçant au milieu des rangs, lui font un rempart de leurs corps en disant aux commissaires : « Il ne fallait pas faire la guerre si vous ne vouliez pas nous laisser le général qui nous a toujours menés à la victoire ! » Devant cette énergique manifestation, les commissaires durent se retirer, et le général fut sauvé. Mais peu de temps après, Desaix avait à trembler pour sa mère et sa sœur, incarcérées à Riom comme parentes d’émigrés. Non-seulement il sollicite sans relâche en leur faveur, mais il pourvoit à leurs moindres besoins, en envoyant de l’argent au geôlier pour le sucre et le café. Puis il s’efforce de soutenir ou relever le courage des prisonnières. « Console-toi, ma bonne et chère sœur, de ta détention malheureuse ! moi-même passionné pour la liberté, passionné pour les combats, je me suis attendu à être privé du plaisir de jouir de tous deux. » Ce ne fut qu’au bout de plusieurs mois cependant que Desaix obtint la mise en liberté des captives qui rentrèrent dans le domaine de Veygoux dont le séquestre avait été en partie levé.

Après la campagne de 1795, par suite du manque de vivres, si pénible pour l’armée, qui fit preuve d’une résignation héroïque et d’un admirable esprit de discipline, Desaix eut la satisfaction de signer une trêve nécessaire à nos braves soldats, heureux de