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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/345

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pauvre curé de campagne que vous avez opéré et guéri il y a déjà bien des semaines ; jamais je n’ai joui d’une santé plus solide qu’aujourd’hui, et j’ai voulu vous en donner la preuve en vous apportant moi-même des fruits de mon jardin que je vous prie d’accepter en souvenir d’une cure merveilleuse que vous avez faite et d’une bonne action dont Dieu vous est redevable en ma personne. » « Dupuytren prit la main du vieillard ; c’était la troisième fois que le même homme l’avait ému jusqu’au fond des entrailles. »

Dès lors, il n’est point douteux que des pensées d’un ordre tout nouveau préoccupèrent souvent l’illustre docteur encore que son caractère ombrageux, concentré, ait retenu toujours peut-être sur ses lèvres le cri de son angoisse intérieure, l’aveu poignant de ses troubles secrets, de ses doutes, de ses perplexités, qui devaient faire explosion, à la grande stupeur de beaucoup de ses contemporains, par un acte de foi solennel autant que sincère. Voici dans quelles circonstances : atteint d’une pleurésie latente, il ne put douter bientôt, à de certains symptômes, que son état ne fût des plus graves. « On lui proposa la ponction ; il accepta d’abord, dit M. Malgaigne, et finit par refuser.

— Que ferai-je de la vie ? disait-il, la coupe en a été si amère pour moi !

Il se regarda donc mourir, conservant la plénitude de son intelligence jusqu’au dernier moment. La veille même de sa mort, il se fit lire le journal :

— Voulant disait-il, porter là-haut des nouvelles de ce monde. Il expira le 8 janvier 1835, à trois heures du matin. »