Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/101

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UARDOUIN. 93 vingt mille liommos d’armes, et par l’aitle de Dieu, en avaient pris plus de trois cent mille, et en la plus forte ville du monde qui grande ville fut et la mieux fermée. « Lors fut crié par tout l’ost, de par le marquis de Montferrat, qui sire (chef) était de l’armée et des autres barons : que tous les avoirs qu’ils avaient gagnés fussent apportés ensemble, si comme ils l’avaient assuré et juré et fait sous peine d’escommuniement. Et furent nommés le lieu en trois églises ; et le mit-on en la garde des Français et des Yénitiens et des plus loyaux qu’on put trouver. Lors commencèrent à apporter le gain et mettre ensemble. Les uns apportèrent bien, les autres mauvaisement ; car convoitise, qui est racine de tous maux, ne leur laissa (permit). Ainsi commencèrent d’ici en avant les convoiteux à retenir des choses et Notre Sire les commença moins à aimer qu’il n’avait devant fait. Ha ! comme ils s’étaient loyalement maintenus jusqu’à ce point ! Et Notre Sire leur avait bien montré, car de toutes leurs affaires les avait Dieu exaucés et honorés sur toutes les autres gens. Et maintes fois ont mal les bons pour les mauvais, » ^ Au fond, ce qui ressort le plus clairement de ce récit, c’est que la grande cité prise par les croisés fut entièrement pillée. C’était le droit de la guerre à cette époque. Il faut se féliciter que le progrès des mœurs condamne de plus en plus aujourd’hui ces façons d’agir, et que les nations civilisées soient unanimes à considérer le pillage d’une ville, d’une capitale en particulier, comme un procédé sauvage, un abus odieux de la victoire qui ferait honte à Attila lui-même. Revenons au Chroniqueur.

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