Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/106

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pointe faisant mille volerics, donnant néanmoins liberté à ceux qui se rendaient sans combattre, après les avoir volés ; et enfin chargés de marchandises, au bout de sept ou huit jours, ils prirent la route de Barbarie, tanière et spélonque de voleurs sans aveu du GrandTurc, où étant arrivés il nous exposèrent en vente avec un procès-verbal de notre capture, qu’ils disaient avoir été faite dans un navire espagnol, parce que sans ce mensonge nous aurions été délivrés par le consul que le roi tient dans ce lieu là, pour rendre libre le commerce aux Français…. Les marchands nous vinrent, sur la place, visiter tout de même qu’on fait à l’achat d’un cheval ou d’un bœuf, nous faisant ouvrir la bouche pour voir nos dents, palpant nos cotes, sondant nos plaies, et nous faisant cheminer le pas, trotter et courir, puis lever des fardeaux, et puis lutter pour voir la force d’un chacun et mille autres sortes de brutalités. (( Je fus vendu à un pêcheur qui fut contraint de se défaire bientôt de moi, pour n’avoir rien de si contraire que la mer ; et depuis, par le pêcheur à un vieillard, médecin spagirique, souverain tireur de quintessences, homme fort humain et traitable lequel, à ce qu’il me disait, avait travaillé l’espace de cinquante ans à la pierre philosophale. Il m’aimait fort et se plaisait à me discourir de l’alchimie, et puis de sa loi, à laquelle il faisait tous ses efforts pour m’attirer, me promettant force richesses et tout son savoir. Dieu opéra toujours en moi une croyance de délivrance par les assidues prières que je lui faisais, et à la Yierge-Marie, par la seule intercession de laquelle je crois fermement avoir été délivré. L’espérance donc et la ferme croyance que

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