Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/107

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VINCKNT lUC l’AUL. 99 j’avais de vous revoir, Monsieur, me lit être plus attentif à m’instruire du moyen de guérir lu gravelle, en quoi je lui voyais journellement faire des merveilles ; ce qu’il m’enseigna et même me lit préparer et administrer les ingrédiens. (( Je fus donc avec ce vieillard depuis le mois de septembre 1605 jusqu’au mois d’août 160G, qu’il fut pris et mené au Grand -Sultan, pour travailler pour lui, mais en vain ; car il mourut de regret par les chemins. Il me laissa à un sien neveu, vrai antliropomorpbite, qui me revendit bientôt après la mort de son oncle… Un renégat de Nice, en Savoie, ennemi de nature, m’acheta et m’emmena en son temar (lisez timar), ainsi s’appelle le bien que l’on tient comme métayer du Grand- Seigneur, car là le peuple n’a rien, tout est au Sultan : le temar de celui-ci était dans la montagne, où le pays est extrêmement chaud et désert. L’une des trois femmes qu’il avait était Grecque chrétienne, mais scliismatique ; une autre était Turque, qui servit d’instrument à l’immense miséricorde de Uieu pour retirer son mari de Tapostasie, et le remettre au giron de l’Église, et me délivrer de mon esclavage. Curieuse qu’elle était de savoir notre façon de vivre, elle me venait voir tous les jours aux champs, où je fossoyais ; et un jour elle me commanda de chanter les louanges de mon Dieu. Le ressouvenir du Quomodo cantabimus in terra aliéna des enfants d’Israël, captifs en Babylone, me fit commencer, la larme à rc&gt ; ?il, le psaume Super flumina Babylonis, et puis, le Salve Regina et plusieurs autres choses, en quoi elle prenait tant de plaisir que c’était merveille. Elle ne manqua pas de dire à son mari, le soir, qu’il avait eu tort de