Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/126

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même richissimes et que, nous ne dirons pas les pauvres gens, mais les gens modestes, lettrés, artistes et autres, ne trouvent plus à se loger. À cela on répond que les dites demeures royales et princières ne sont mie faites pour eux, pas plus que les cages dorées, enluminées, sculptées pour les vulgaires pierrots. Fort bien alors, mais c’est les forcer à percher sur les arbres et pignons, ce qui n’est guère commode et récréatif en hiver, outre que dame Police ne le tolère point.

Un mot encore avant de terminer. Voici des Parisiens et Parisiennes un assez joli portrait que Sauvai traçait, il y a longtemps déjà[1], et qui aujourd’hui encore ne manque ni de vérité, ni d’actualité : « Les Parisiens sont bons, dociles, fort civils, aiment les plaisirs, la bonne chère, le changement de modes, d’habits, d’affaires… Les gens riches et qualifiés se traitent et s’habillent aussi magnifiquement qu’ils se logent… Les dames de qualité et les riches n’y font rien que jouer, se promener, faire des visites, aller au bal et à la comédie ; elles sont si superbement vêtues qu’elles dépensent en gants, en passementeries et autres galanteries plus que des princesses étrangères en toute leur maison. Les Grands en un mot (les Riches), hommes et femmes, font tant d’excès que leur revenu, quelque prodigieux qu’il soit, n’y pouvant suffire, ils dissipent en peu d’années ce que leurs pères, durant toute leur vie, ont eu bien de la peine à amasser. »

  1. Sauval est mort en 1670. Son livre, en 3 volumes in-f°, a pour titre : Recherches des Antiquités de la ville de Paris.