Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/125

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même de la fortune devenait un crime. Le calme rétabli, Napoléon, consul et surtout empereur, se préoccupa constamment de l’agrandissement et de l’embellissement de Paris qui lui dut de nombreux monuments, la Bourse, la colonne de la Place Vendôme, les ponts d’Austerlitz, d’Iéna, des Arts, etc.

Sous la Restauration comme pendant le règne de Louis Philippe, d’importants travaux s’exécutèrent à Paris qui cependant gardait toujours un peu, dans certains quartiers surtout, la Cité, la rue St-Jacques, le faubourg St-Germain, etc., sa vieille physionomie qu’il perd tous les jours davantage depuis les dernières et colossales entreprises qui font de la ville entière un vaste chantier de démolition et de construction. On ne saurait nier assurément que la ville y gagne au point de vue de l’hygiène et que beaucoup de ces grands travaux n’aient leur utilité, ne fussent même d’une absolue nécessité ; il est permis toutefois de regretter qu’on ait voulu tout faire à la fois et en outre que les plans généralement adoptés semblent avoir pour résultat de donner à la grande capitale, remarquable naguère par ses aspects variés et pittoresques, un caractère monotone d’uniformité. Qu’y a-t-il pour le rêve et la poésie dans l’interminable rue Lafayette, aux maisons ennuyeusement pareilles, ou dans l’éternel boulevard Haussmann[1] ?

Faut-il répéter, après bien d’autres, que dans toutes ces habitations nouvelles, luxueuses en dépit de l’architecture banale, il n’y a place que pour les riches et

  1. Nous écrivions cette introduction avant les derniers événements.