Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/13

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la perfection du christianisme. Des inquiétudes sur l’avenir agitèrent ces liommes attachés encore à la terre. « À quoi nous servira la vie dure que nous » menons, se dirent-ils, les uns aux autres ? Il n’y a rien de solide dans l’état que nous avons pris. Nous perdons notre jeunesse dans cette maison. Ne ferions-nous pas mieux d’apprendre des métiers qui fourniraient sûrement à notre subsistance ? Que deviendrons-nous si notre père nous abandonne ou si la mort nous l’enlève ? »

Ces réflexions, on les luisait même devant M. de la Salle qui reprit vivement ses disciples en leur reprochant leur manque de confiance en la Providence. « Il vous est bien facile de parler ainsi, lui fut-il répondu, vous qui, en outre de votre canonicat, possédez un riche patrimoine dont les revenus, quoi qu’il arrive, vous mettent à l’abri du besoin. » M. de la Salle ne put se défendre de quelque sensibilité en entendant cette objection plus spécieuse cependant que réelle, car tous ses revenus passaient eu bonnes œuvres. Toutefois, il comprenait que, pour parler à ses disciples avec toute l’autorité nécessaire, il devait prêcher d’exemple et, après avoir pris conseil d’hommes éclairés et pieux, il se démit de son canonicat en faveur d’un autre ecclésiastique. Il fit plus, il se dépouilla de tous ses biens et par une conduite qui semble extraordinaire selon la prudence humaine, mais qui lui était dictée par une inspiration supérieure, « il se sentit invinciblement porté à ne rien domier même à ses disciples et à ne rien réserver pour lui-même. Il trouva un goût infini à penser au bonheur de ceux qui se confient uniquement