Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/275

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267 Mozart (rue) : Un critique distingué de notre temps a caractérisé admirablement en peu de lignes, le talent de ce maitre illustre : (c Mozart est aussi grand musicien que poète sublime. Il chante la grâce et les sentiments exquis des natures supérieures, les douleurs mystérieuses de l’àme qui entrevoit des horizons infinis, les tristesses et les voluptés d’une civilisation avancée. Il a l’élégance, la profondeur et la personnalité des patriciens. Son génie dédaigne les appétits grossiers de la foule ; jamais il n’emploie de formules banales pour capter l’approbation du vulgaire. Il dit ce qu’il veut dire sans se préoccuper du public qui l’écoute, et ses cadences s’arrêtent où s’arrête sa pensée. Il est le musicien des nuances, mais des nuances qui réfléchissent la délicatesse de l’àme, et non pas de celles qui expriment les raffinements de l’esprit. Il a la piété d’un enfant, la tendresse et la pudeur d’une femme ; et son langage passionné, mais chaste et religieux, ne s’adresse qu’à ces natures d’élite qui sont toujours en minorité sur la terre a Ah ! disait-il un jour à un protestant de ses » amis, vous avez votre religion dans la tête et non dans )) le cœur ; vous ne sentez pas comme nous ce que )) veulent dire ces mots : (( Agnus Dei qui tolUs peccata » mundi, dona nobis paceni )&gt ;

mais lorsqu’on a été comme )) moi introduit dès sa plus tendre enfance dans le sanc)) tuaire, que, l’àme agitée de vagues désirs, on a » assisté au service divin où la musique traduisait ces )) saintes paroles
Benedictus qui venit in nomine Domini ! )) oh ! alors, c’est bien différent. Plus tard, lorsqu’on » s’agite dans le vide d’une existence vulgaire, ces im» pressions premières, restées ineôaçables au fond du


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