Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/336

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Voltaire a, comme le singe, les mouvements charmants et les traits hideux. On voit toujours en lui, au hout d’une hahile main, un laid visage. » Quand le sage critique parle ainsi, faut-il s’étonner d’entendre le poète satirique qu’on vit : Fouetter d’un vers sanglant les grands hommes du jour, faire tonner, lui victime infortunée de la secte, contre l’Idole sou alexandrin énergique ? Sous peine d’être un sot, nul plaisant téméraire Ne rit de nos amis et surtout de Voltaire. On aurait beau montrer ses vers tournés sans art, D’une moitié de rime habillés au hasard, Seuls et jetés par ligne exactement pareille ; De leur chute uniforme importunant l’oreille, Ou, bouffis de grands mots qui se choquent entre eux. L’un sur l’autre appuyés, se traînant deux à deux ; Et sa prose frivole, en pointes aiguisée, Pour braver l’harmonie incessamment brisée ; Sa prose, sans mentir^ et ses vers sont parfaits ; Le Mercure, trente ans, l’a juré par extraits ; Qui pourrait en douter ? Moi, cependant j’avoue Que d’un rare savoir à bon droit on le loue ; Que ses chefs-d’œuvre faux, trompeuses nouveautés. Etonnent quelquefois par d’antiques beautés ; Que par ses défauts même il peut encore séduire. Talent que peut absoudre un siècle qui l’admire ’. » À propos du vers souligné par nous, on peut rappeler ce passage de Téminent critique déjà cité : a Mépriser et décrier, comme Voltaire, les temps dont on parle, c’est ôter tout intérêt à l’histoire qu’on écrit. )) ’ Gilbert : Mon Apologie.

V.