Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/349

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lit qu’une chaise ou même le pavé mi de l’église, « jusqu’à ce qu’enfin, dit l’abbé Barruel, les fidèles eurent la permission de leur porter les objets de première nécessité… Aussitôt on les vit apporter à l’envi dans l’église des Carmes des lits et du linge et une abondante nourriture. «… Dès lors, on eût pris le lieu qui renfermait les prisonniers pour une véritable catacombe des anciens jours. Qu’on se représente une église d’une grandeur très-médiocre et, dans tout son contour, sur le pavé de la nef, même sur celui des chapelles, jusque sur le marchepied des autels, des matelas serrés les uns contre les autres. C’était là qu’ils dormaient plus tranquillement que leurs persécuteurs ne le firent jamais sur le duvet. Quand l’aurore venait leur annoncer un nouveau jour, le cœur élevé vers le ciel, ils fléchissaient ensemble les genoux I ils adoraient ce Dieu qui les avait choisis pour lui rendre témoignage ; ils le remerciaient de la force céleste dont il les animait ; la seule grâce qu’ils demandaient encore était de le confesser jusqu’à la fîn[1]… »

Et cependant voici, d’après le récit d’un prisonnier, ce qu’était cette prison : « L’air était entièrement corrompu… Pendant notre courte absence, on brûlait des herbes fortes et des liqueurs spiritueuses qui rendaient l’air moins contagieux, mais non moins désagréable. Quel moyen de purifier parfaitement un air méphitisé par la respiration de cent vingt personnes, dont une grande partie étaient des vieillards infirmes et couverts de plaies, et qui n’avaient pas même d’endroits assez

  1. Barruel : Histoire du Clergé pendant la Révolution.