Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



ser leur saDg en esprit de foi et de religion. Au même instant, nous jugeons par les cris redoublés des cannibales que la garde est forcée. Leurs blasphèmes affreux nous rappellent que c’est en haine de Dieu et de sa religion que nous allons être immolés. Je cours au devant des bourreaux ; je les vois, la rage les transporte ; la soif du sang les précipite sur nous ; un d’eux me touche déjà de son arme tranchante ; j’allais périr ; mais le mouvement qu’il fait pour frapper son coup plus vigoureusement m’en laisse faire un autre, qui met entre lui et moi un mur de séparation. Il lui importait peu quelle victime frapper. 11 m’abandonne et je franchis précipitamment le jardin où j’étais tombé. » Quelques-unes des victimes durent la vie aux septembriseurs eux-mêmes, pris tout à coup d’un sentiment d’humanité qui ressemblait à un remords. Une dizaine de prêtres à peine restaient à égorger ; parmi eux un ecclésiastique tout jeune encore, à la figure noble et sympathique. Un des assassins s’approche : — Tiens-tu beaucoup à la vie ? lui dit-il. — Sans craindre la mort, s’il dépendait de moi, je l’éviterais volontiers, pourvu. … — C’est bien, suis-moi I Et l’égorgeur, subitement attendri, l’entraîne dans un endroit connu de lui seul, où il le fait cacher et où déjà se trouvaient deux autres pauvres prêtres, épargnés par lui. Le soir, il revint avec des habits de gardes nationaux qui permirent à tous d’échapper. Mais ces traits d’humanité si inattendus furent rares, et les monstres ne faisaient pas grâce aisément. Au

l’é