Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/371

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RE DU PÈRE LACHAISE. 363 dira, bien des années après^ avec plus d’exagération et l’accent de la raillerie amère : « Quand la foi est morte au cœur d’une nation vieillie, ses cimetières (et ceci en était un) ont l’aspect d’une décoration païenne. Tel est votre Père La Chaise. Amenez-y un Indou de Calcutta, et demandez -lui : « — Quel est ce peuple dont les morts ont sur leur poussière des petits jardins remplis de petites urnes, de colonnes d’ordre dorique ou corinthien, de petites arcades de fantaisie à mettre sur sa cheminée comme pendules curieuses ; le tout bien badigeonné, marbré, enjolivé, vernissé ; avec des grillages tout autour, pareils aux cages des serins et des perroquets ; et sur la pierre des phrases semi-françaises de sensiblerie i ?/cooôonze ????e, tirées des romans qui font sangloter les portières et dépérir toutes les brodeuses ? » (( L’Iudou sera embarrassé ; il ne verra ni pagode de Brahma, ni statues de Wichnou aux trois têtes, aux jambes croisées et aux sept bras ; il cherchera le turban de Mahomet et ne le trouvera pas ; il cherchera la Junon des morts et ne la trouvera pas ; il cherchera la croix et ne la trouvera pas, ou la démêlant avec peine, à quelques détours d’allée, enfouie dans des bosquets et honteuse comme une violette, il comprendra bien que les chrétiens font exception dans ce grand peuple ; il se grattera la tête en la balançant et jouant avec ses boucles d’oreilles en les faisant tourner rapidement comme un jongleur. Et voyant des noces bourgeoises Courir, en riant, dans les chemins sablés et danser sous les fleurs et sur des fleurs des morts ; remarquant l’urne qui domine les tombeaux ; n’ayant vu que rarement :