Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/372

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Priez pour lui, priez pour son âme. Il vous répondra : (( Très-certainement ce peuple brûle ses morts et enferme leurs cendres dans ces urnes. Ce peuple croit qu’après la mort du corps tout est dit pour l’homme. Ce peuple a coutume de se réjouir de la mort de ses pères, et de rire sur leurs cadavres parce qu’il hérite enfin de leurs biens ou parce qu’il les félicite d’être délivrés du travail et de la souffrance. (( Puisse Siwa aux boules dorées et au col d’azur, adoré de tous les lecteurs du Yéda, me préserver de vivre parmi ce peuple qui, pareil à la fleur dou-roui/j a, comme elle, deux faces trompeuses ! )&gt ; Comme nous l’avons dit d’abord, il y a du vrai dans ces réflexions d’ailleurs trop chagrines ; mais pourtant, tout en regrettant que le tendre ressouvenir des défunts s’exalte ainsi jusqu’au culte presque idolàtrique, qu’on sacrifie de nouveau en quelque sorte aux dieux Mânes ; d’antre part, ne faut-il se féliciter que dans l’ébranlement de tous les pouvoirs, dans notre société secouée par de continuels bouleversements, malgré notre tendance à tout railler comme à tout détruire, quelque chose surnage, un sentiment persiste, énergique au point de s’exagérer, le respect pour les morts, la vénération pour les tombeaux dont la vue rappelle, ne fut-ce qu’un instant, aux sérieuses pensées les plus distraits, les plus enivrés des vanités de la terre et des folles illusions. Puis dans ce culte excessif de la tombe, qui semble aux deux écrivains cités la preuve d’une complète indifférence religieuse, nous serions porté tout au contraire à reconnaître, à saluer le témoignage consolant de la croyance instinctive à l’immortalité.

SAINTE