Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/393

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BOUES DE PARTS

(( Tous les ans, il se lève cent mille francs, pour charrier les boues de Paris, cependant il n’y a point de ville au monde plus boueuse et plus sale ; et quoique on ait assez fait de propositions [)our le rendre net, jamais elles n’ont été écoutées, ou parce que la chose passait pour impossible, ou parce que c’est un revenu considérable pour quelques grands qui en profitent. « Ces boues au reste sont noires, puantes, d’une odeur insupportable aux étrangers, qui pique et se fait sentir trois ou quatre lieues à la ronde. De plus cette boue, outre sa mauvaise odeur, quand on la laisse sécher sur de l’étoffe, y laisse de si fortes taches qu’on ne saurait les ôter sans emporter la pièce, et ce que je dis des étoffes doit s’entendre de tout le reste, parce qu’elle brûle tout ce qu’elle touche ; ce qui a donné lieu au proverbe : // tient comme boue de Paris. « Pour découvrir la cause de celte ténacité et puanteur, il faut savoir que les salpètriers, d’une part, y trouvent du soufre, ou du salpêtre et du sel fixé et que les hermétiques, d’autre part, y séparent beaucoup de sel volatil et nitreux ; tellement qui si elle tache et brûle, c’est par le moyen du soufre qui est plein de feu, et sa grande puanteur lui vient du sel volatil qui est subtil et sent fort mauvais, et peut-être est-ce lui qui TOME III. 2*