Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/394

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corrompt l’eau des puits : on l’appelle volatil à cause qu’il s’évapore, et se répand au loin : et de là vient aussi qu’on sent de si loin les boues de Paris…. Après tout, Paris serait moins sale si les rues avaient plus d’air, de largeur et de pente. » Sauvai, s’il revenait au monde aujourd’hui, aurait lieu de se montrer satisfait ; car ce n’est ni l’air ni la largeur qui manquent à nos rues, non plus que le soleil, soit dit en passant. Quant aux boues, dont il se plaignait si fort, et avec raison, elles n’existent plus, sauf dans quelques rues étroites en petit nombre, que pour mémoire, alors que chaque matin, des voitures spéciales enlèvent les immondices déposées devant les maisons. Les eaux des ruisseaux entraînent le reste avec elles dans les égouts ; ceux-ci, comme on sait, par de récents et immenses travaux, forment sous la ville elle-même une autre cité souterraine sillonnée en tous sens par des canaux qui ne se jettent plus comme autrefois cà et là dans la Seine souillée de leurs impuretés, mais vont se perdre dans le grand égout collecteur, situé au-dessous de Paris. Combien cet état de choses est-il différent de celui que déplorait Sauvai, et auquel il ne fut remédié d’abord que très-insuffisamment. Pendant longtemps, ce qu’on appelait à Paris le grand égout, n’était que le lit d’un grand ruisseau descendant de Ménilmontant, qui avec le temps n’avait plus fait qu’un fossé boueux et profond, serpentant à travers la ville, du faubourg du Temple jusqu’au Roule et à Chaillot, et recevant dans ce long parcours tous les embranchements d’égouts venant des autres quartiers, le tout à ciel ouvert. On

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