Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/402

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Comme en la rue des Francs-Bourgeois, on ne savait ce que c’était eu ce lieu que de payer taxes et impositions civiles ; les commissaires et sergents n*y venaient que pour y recevoir des injures et des coups. On s’y nourrissait de brigandages, on s’y engraissait dans l’oisiveté, dans la gourmandise, et dans toutes sortes de vices et de crimes ; là, sans aucun soin de l’avenir, chacun jouissait à son aise du présent, et mangeait le soir avec plaisir ce qu’avec Lien de la peine, et souvent avec bien des coups, il avait gagné tout le jour ; car on y appelait gagner ce qu’ailleurs on appelle dérober ; et c’était une des lois fondamentales de la cour des miracles de ne rien garder pour le lendemain. Chacun y vivait, dans une grande licence ; personne n’y avait ni foi ni loi ; on n’y connaissait ni baptême, ni mariage, ni sacrements. 11 est vrai qu’en apparence ils semblaient reconnaître un Dieu ; pour cet effet, au bout de leur cour, ils avaient dressé, dans une grande niche, une image de Dieu le Père, qu’ils avaient volée dans quelque église, et où tous les jours, ils venaient adresser quelques prières ; mais ce n’était en vérité qu’à cause que superstitieusement ils s’imaginaient que par là ils étaient dispensés des devoirs dus par les chrétiens à leur Pasteur et à leur Paroisse, même d’entrer dans l’église que pour gueuser (mendier) et couper les bourses. » (Sauval). Les gueux se nommaient Argotiers de leur langage appelé Argot : « Ils sont tant qu’ils composent un gros royaume : ils ont un roi, des lois, des officiers, des états et un langage tout particulier…. Leurs officiers se nommaient Cagoux, Archisuppôts de l’Argot, Orphelins, Marcandiers, Rifodés, Malin greux, et Capons, Piètres,

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