Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/42

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qiiables par la liberté de la touche et surtout la magie du coloris, il voulut connaître cet artiste et se mit sous sa direction. Dès l’âge de dix-huit ans, Titien était devenu si habile que le Giorgione, craignant en lui un rival, par suite des préférences marquées d’un amateur, prit de l’ombrage, et ils durent se séparer. Un Jugement de Salomon, peint à Yicence, et plusieurs tableaux exécutés pour l’église de Padoue, commencèrent à faire connaître Titien ; aussi le Sénat, lors de son retour à Venise, n’hésita pas à lui confier l’achèvement, dans la grande salle du conseil, du travail commencé par Jean Bellin qui venait de mourir. Titien s’acquitta de cette tâche difficile avec un tel succès que le Sénat, outre le prix convenu, « lui donna, dit d’Argenville, un office de trois cents écus de revenu. » Bientôt après, il fut appelé à Ferrare par le duc pour y terminer également les peintures commencées par Jean Bellin dans le palais, et le prince, prompt à apprécier son talent, lui fit faire, en outre, son portrait, celui de la duchesse sa femme, et d’autres tableaux. À la cour de Ferrare, Titien connut plusieurs personnages célèbres de l’Italie, entre autres l’Arioste, qui composa, à la louange du jeune peintre, des vers répétés bientôt par tous les échos de la Péninsule et dont Titien voulut le remercier en faisant son portrait. Être peint par cette main déjà merveilleusement habile, c’était un honneur et un bonheur dont les souverains mêmes se montraient jaloux ; successivement Titien fit les portraits du pape Paul III, pendant son séjour à Ferrare, du duc et de la duchesse d’Urbin, de François 1", à son retour en France, de Soliman II