Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/44

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lasser de le contempler, il le fit placer dans la chambre où il se tenait habituellement. Dans son admiration pour l’artiste, l’illustre Mécène eut la pensée d’élever son fils Pomponio à quelque haute dignité ecclésiastique, mais Titien s’y refusa : « Non, très Saint-Père, je ne crois pas que telle soit la vocation de mon fils ; et sa vertu ne serait point à la liauteur de ces graves fonctions. )) L’artiste refusa pareillement pour lui-même d’autres faveurs, préférant retourner à Venise au milieu de ses amis. À quelque temps de là, il reçut, dans son atelier, la visite de Henri III, nommé roi de Pologne, qui lui demanda le prix de tableaux qu’il avait fort admirés. — Sire, ils sont à vous ! dit l’artiste, veuillez les accepter comme un petit présent du peintre. Le roi remercia et fit emporter les toiles, mais, comme on le pense bien, sut dédommager l’artiste. Titien, auquel son talent avait donné tout à la fois la gloire et la fortune, ne cessa de travailler même lorsque Tàge semblait lui conseiller le repos. On rapporte que, soit que sa vue ou son intelligence eut faibli, à cette époque, il eut la malheureuse idée de retoucher plusieurs tableaux de son meilleur temps et qu’il jugeait, bien à tort, peu dignes de son génie. Quelques-uns en souffrirent ; par bonheur, ses élèves, avertis par cette expérience, mêlèrent aux couleurs de l’huile d’olive qui ne sèche point. Puis, le maitre sorti, ils effaçaient avec une éponge toute trace du nouveau et malencontreux travail. Titien, qui pendant de longues années avait eu ce rare bonheur d’une santé presque parfaite, avait atteint

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