Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/63

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intelligence très vive qui en puisse sentir la grande difficulté ; c’est pourquoi elle est si rare que peu de gens y peuvent atteindre et savent le produire. » À ces paroles si vraies, les dernières surtout, de Michel-Ange, on ne peut qu’applaudir, comme firent ses auditeurs, maître François de Hollande et le docte Lactance qui dit entre autres choses : (( Sachez, maître François, que celui qui ne comprend et qui n’estime pas la très noble peinture, agit ainsi par son propre défaut : la faute n’en est pas à l’art si illustre et si grand. II agit ainsi parce qu’il est barbare et privé du jugement de la plus noble partie de l’intelligence humaine. » (( — Quel homme vertueux et sage en efî’et, ajouta la marquise, n’accordera toute sa vénération aux contemplations spirituelles et dévotes de la sainte peinture ? Le temps manquerait, je crois, plutôt que la matière pour les louanges de cette vertu. Elle rappelle la gaîté chez le mélancolique, la connaissance de la misère humaine chez le dissipé et l’exalté ; elle réveille la componction chez l’obstiné, guide le mondain à la pénitence, le contemplatif à la méditation, à la crainte et au repentir. Elle nous représente les tourments et les dangers de l’enfer, et autant qu’il est possible, la gloire et la paix des bienheureux et l’incompréhensible image du Seigneur Dieu. Elle nous fait voir bien mieux que de toute autre manière la modestie des saints, la constance des martyrs, la pureté des vierges, la beauté des anges et l’amour de charité dont brûlent les séraphins. Elle élève et transporte notre esprit et notre âme audelà des étoiles et nous fait contempler l’éternel empire. Elle nous rend présents les hommes célèbres qui