Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/66

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uvre n’avait point été détruite, mais qu’elle subit des retranchements. Quoique d ’ailleurs prétendent messieurs les biographes et les critiques, prompts à railler M. du Noyer de ses scrupules, il est impossible qu’avec un tel sujet MichelAnge put faire un tableau exempt de tout blâme au point de vue de la morale, et dont plus tard l’artiste, éclairé par la réflexion, n’ait pas ressenti quelques remords. Quand plusieurs années après l’époque dont nous parlions plus haut (celle des entretiens avec Maitre François de Hollande), il fut éprouvé par de si cruelles douleurs, ne dut-il pas voir là une expiation ? Yittoria Colonna, « si belle et honnête dame, dit Brantôme dans la vie du marquis de Pescara, qu’elle fut de son temps estimée une perle en toutes vertus et beautés », n’était pas moins remarquable par la distinction de son esprit dont témoignent ses poésies. MichelAnge, quoiqu’il l’eût connue tardivement, l’aima d’une affection profonde, qui s’exaltait par le respect même et la vénération. L’illustre artiste, comme on l’a vu, avait toujours vécu « seul comme le bourreau », disait un peu durement Raphaël. Dé}à presque sexagénaire, célèbre entre tous et rassasié de gloire pour ainsi dire, il n’était plus autant tourmenté de cette fièvre de produire qui le dévorait autrefois. Il semble même qu’à cette époque il ait jeté un regard mélancolique sur la carrière parcourue, et que la solitude pour lui perdit de son attrait. Peut-être souffrit-il un peu tardivement de ce regret si fatal de nos jours à l’infortuné Léopold Robert ? Peutêtre, par cette illusion ordinaire qui abuse les plus expér

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