Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/68

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laient la retenir sur la terre, à rejoindre dans la tombe. Buonarroti connaissait, admirait, vénérait cette illustre amie depuis quatre années à peine quand il eut la douleur de la perdre. Yittoria Colonna, dont la santé avait toujours été délicate, au commencement de l’année 1547, tomba ma lade. Se sentant gravement atteinte, elle se fit transporter dans la maison de sa parente, Guilia Colonna, qui lui était tendrement dévouée et se montra pour elle garde-malade des plus zélées. Micbel-Ange, prévenu, accourut au chevet de la malade qu’il ne quitta pas jusqu’à ce qu’elle eût rendu le dernier soupir. Quand Vittoria Colonna ne fut plus qu’un cadavre, il prit dans ses mains tremblantes sa main déjà glacée qu’il approcha respectueusement de ses lèvres, puis il s’éloigna et « sa douleur fut si violente, Condivi nous l’atteste, qu’elle le rendait comme privé de sens.» On n’en doute pas quand on lit ces vers où le regret de l’artiste se trahit si poignant : &lt ; ( sort fatal à mes désirs, ô esprit pur, où es -tu maintenant ? La terre couvre ton corps et le ciel a reçu ton âme divine. « …Je reste glacé comme un corps défaillant qu’un reste de vie abandonne. (( Ah ! mort cruelle ! combien tes coups auraient été doux si, quand tu as frappé l’un de nous deux, l’autre eût été atteint de la même blessure. (( Je ne traînerais point maintenant ma vie dans les larmes et, libre de la douleur qui me tourmente, je ne remplirais pas l’air de tant de soupirs ’ . » ’Traduction de M. Lanneau-Rolland.