Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/69

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On ne peut douter, d’après tous ces témoignages, que Michel-Ange éprouva de cette mort un grand vide et que le travail, pour lequel il n’avait plus d’autre aiguillon que le devoir, ne suffit pas toujours à le combler. Dans les seize années qu’il vécut encore, il eut des jours d’amère tristesse, alors surtout qu’un nouveau deuil fût venu attrister son logis déjà si solitaire. Vers 1556, il perdit Urbino, son fidèle serviteur, qu’après tant d’années de vie commune et de dévouement, il regardait plus comme un ami que comme un domestique, et qui jeune encore semblait, selon le cours de la nature, devoir lui fermer les yeux. Une anecdote racontée par Condivi prouve, avec la générosité de l’artiste, sa vive affection pour Urbino. (( Si je venais à mourir, que ferais-tu ? dit un jour Michel-Ange à son serviteur. — Je serais obligé de servir un autre maître. — Oh ! mon pauvre Urbino, je ne veux pas que tu sois malheureux après moi ! et il lui donna à l’instant 2, 000 écus. Durant toute la maladie d’Urbino, il ne le quitta pas, le soigna comme il eut fait d’un parent et le pleura comme un frère. Mais si douloureuse qui lui fût cette mort, on est heureux de voir que, par une grâce spéciale de la Providence, il y vit un motif pour raviver sa foi plutôt que pour se décourager, témoin cette lettre en réponse à Yasari qui lui avait écrit pour le consoler : « Messer Giorgio, mon cher ami, j’écrirai mal ; ce» pendant il faut que je vous dise quelque chose en )) réponse à votre lettre. Vous savez comment Urbino » est mort ; ça été pour moi une très-grande faveur de TOME III. 4