Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/79

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TRÉMOUILLE OU LA TRÉMOILLE. 71 Néanmoins, trois ans après, il épousa « par honneur, » c’est-à-dire dans l’espoir de laisser un héritier, la fille du duc de Valentinois dont le chroniqueur ne parle pas avec moins de complaisance que de la première épouse. (( La jeune demoiselle était humble sans rusticité, grave sans orgueil, bénigne sans sottise, affable sans trop grande familiarité, dévote sans hypocrisie, joyeuse sans folie et bien parlante sans fard de langage, libérale sans prodigalité et prudente sans présomption. » Une merveille pour tout dire, et la perfection incarnée si le portrait n’est point flatté. Pourtant le vieux guerrier n’hésita point à la quitter pour suivre le roi François I" en Italie. Il se trouvait près du prince à la bataille de Pavie (lo2o) et « là fut abattu mort d’un coup d’arquebuse. » « Et en la bataille de Pavie, dit à son tour Brantôme, après avoir combattu vaillamment et plus que son vieil âge ne lui concédait, il mourut au champ de bataille et lit d’honneur, montrant par sa mort au monde que si quelquefois les grands capitaines sont défavorisés de la fortune en quelques exploits, pourtant il ne les en faut blâmer ni eux ni leurs courages, ni leurs valeurs, mais que la fortune qui tient toutes choses mondaines en sa main et se plait en faveur, en disgrâce, en gloire et déshonneur, les donne en abondance et en épargne, ainsi que porte sa volonté, aux uns et aux autres. » Or, le fidèle Bouchet (qui sans doute se mêlait de rimer) fit à La Trémouille cette épitaphe : Au lit d’honneur il a perdu la vie, Le bon Louis Trémoille ci-gisant.